Moine Doux
Il est des moines doux avec des traits si calmes,
Qu’on ornerait leurs mains de roses et de palmes,Qu’on formerait, pour le porter au-dessus d’eux,
Un dais pâlement bleu comme le bleu des cieux,Et pour leurs pas foulant les plaines de la vie,
Une route d’argent d’un chemin d’or suivie.Et par les lacs, le long des eaux, ils s’en iraient,
Comme un cortège blanc de lys qui marcheraient.Ces moines, dont l’esprit jette un reflet de cierge,
Sont les amants naïfs de la Très Sainte Vierge,Ils sont ses enflammés qui vont La proclamant
Étoile de la mer et feu du firmament,Qui jettent dans les vents la voix de ses louanges,
Avec des lèvres d’or comme le chœur des anges,Qui l’ont priée avec des vœux si dévorants
Et des cœurs si brûlés qu’ils en ont les yeux grands,Qui la servent enfin dans de telles délices,
Qu’ils tremperaient leur foi dans le feu des supplices,Et qu’Elle, un soir d’amour, pour les récompenser,
Donne aux plus saints d’entre eux son Jésus à baiser.
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Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
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- Les Meules qui Brûlent
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- Lorsque ta main confie, un soir...
- Le clair jardin c'est la santé
Douceur monastique
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Un moine sur un banc de pierre
Déguste un pot de bonne bière ;
Il en remercie le Bon Dieu
Qui boit du pinard dans les cieux.
C'est un art, savourer la vie,
Une voie par lui bien suivie ;
Il se tient pour digne héritier
De la femme du charpentier.
Si le diable au couvent se glisse,
Moines contre lui vont en lice :
Satan, tu n'as jamais rien pu
Contre des gens qui ont bien bu !
Moine d’azur
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Heureux d’écrire un vers auquel il a pensé,
Il a presque perdu le goût des choses vaines ;
Le Fils du Charpentier mit un terme à ses peines,
De prier, cependant, il n’est point dispensé.
Quand il était plus jeune, il voulait se lancer
Au pénible sentier qui vers la gloire mène ;
Mais il n’éprouve plus cette faiblesse humaine,
Il n’achèvera point le rêve commencé.
Ce moine tout un jour en cellule demeure,
Dans sa sérénité ne comptant pas les heures,
Jusqu’à ne plus savoir s’il est lui-même, ou rien.
Il aime déchiffrer le jargon de la brise.
Dont assez fréquemment fut son âme surprise,
Et puis il se nourrit de son pain quotidien.