Modes et Chiffons
Si, comme Pétrarque et le vieux Ronsard,
Viole d’amour ou lyre païenne,
De fins concettis à l’italienne
Je savais orner un objet plein d’art,Je vous en ferais, fée au bleu regard,
Dans le pur toscan que l’on parle à Sienne
Ou dans un gaulois de saveur ancienne,
Sur votre arrivée ou votre départ ;Sur vos gilets blancs et vos amazones ;
Sur les frais chapeaux, roses, noirs ou jaunes,
Que fleurit pour vous madame Royer ;Sur le chantilly bordant vos mantilles,
Sur vos peppermints et sur vos manilles :
Mais je n’en fais qu’un — pour te l’envoyer.1851
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
L’oiseau qui lit Ronsard
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Sur un arbre, rêveur, cet oiseau lit Ronsard,
Mais sans lui reprocher ses images païennes ;
Il est admiratif de sa grâce italienne,
Lui qui rêve parfois de cultiver cet art.
Il ne jalouse point l’aigle au perçant regard,
Il savoure vraiment les joies qui lui surviennent :
Lire quelques sonnets des époques anciennes,
Saluer l’hirondelle au temps de son départ.
Son cousin lui apporte un petit vin de Beaune
Dans lequel le soleil transfuse un éclat jaune ;
Il oublie la chaleur à l’ombre d’un noyer.
Il médite à loisir dans son nid de brindilles,
Il mange une cerise, à la vigne il grappille ;
Une lettre il écrit, mais qu’il n’ose envoyer.
L’oiseau qui lit Du Bellay
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Pour découvrir une oeuvre il n’est jamais trop tard,
L’oiseau nourrit ainsi son âme béotienne ;
Puis il en parle avec la dame clunisienne
Qu’il nomme, en plaisantant, Noble Mère des Arts.
Il lira Du Bellay, comme on lit au plumard,
Profitant des leçons que les sonnets contiennent ;
Il aime cet auteur, il aime aussi Étienne
De La Boétie qu’il découvrit par hasard.
Les poètes, pour lui, sont une étrange faune,
Qu’ils soient des bords du Rhin, qu’ils soient des bords du Rhône,
Magique est le talent qu’ils savent déployer.
Pour certains, ces auteurs s’occupent de broutilles
Et l’on eût dû plutôt leur présenter des filles ;
Je n’en suis pas d’accord, mais c’est vous qui voyez.