Poème 'Misère' de Petrus BOREL dans 'Rhapsodies'

Misère

Petrus BOREL
Recueil : "Rhapsodies"

La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.
GILBERT.

A mon air enjoué, mon rire sur la lèvre,
Vous me croyez heureux, doux, azime et sans fièvre,
Vivant, au jour le jour, sans nulle ambition,
Ignorant le remords, vierge d’affliction ;
A travers les parois d’une haute poitrine,
Voit-on le cœur qui sèche et le feu qui le mine ?
Dans une lampe sourde on ne saurait puiser :
Il faut, comme le cœur, l’ouvrir ou la briser.

Aux bourreaux, pauvre André, quand tu portais ta tête,
De rage tu frappais ton front sur la charrette,
N’ayant pas assez fait pour l’immortalité,
Pour ton pays, sa gloire et pour sa liberté.
Que de fois, sur le roc qui borde cette vie,
Ai-je frappé du pied, heurté du front d’envie,

Criant contre le ciel mes longs tourments soufferts :
Je sentais ma puissance, et je sentais des fers !

Puissance,… fers,… quoi donc ? — rien ! encore un poëte
Qui ferait du divin, mais sa muse est muette,
Sa puissance est aux fers. — Allons ! on ne croit plus,
En ce siècle voyant, qu’aux talents révolus.
Travaille : on ne croit plus aux futures merveilles. —
Travaille !… Eh ! le besoin qui me hurle aux oreilles,
Étouffant tout penser qui se dresse en mon sein !
Aux accords de mon luth que répondre ?… j’ai faim !…

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Commentaires

  1. Moine-porc
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    Voici le moine-porc, une prière aux lèvres ;
    Il se rend à l'autel, sans frayeur et sans fièvre,
    Récitant son latin, connaissant sa leçon,
    Cela sonne en son coeur ainsi qu'une chanson.

    Inclinant son menton sur sa vaste poitrine,
    Il garde le coeur froid, car nul feu ne le mine ;
    Dans l'ancienne Écriture, il sait comment puiser,
    Il affirme une foi qu'on ne saurait briser.

    Fidèles ne vont point se moquant de sa tête,
    Ils estiment ce moine une charmante bête,
    Ne sachant s'il est fait pour l'immortalité,
    Mais toujours admirant son âme en liberté.

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Petrus BOREL

Portait de Petrus BOREL

Joseph-Pétrus Borel d’Hauterive, dit Pétrus Borel ou encore « le lycanthrope », né à Lyon, au 24, rue des Quatre Chapeaux, le 29 juin 1809 et mort à Mostaganem (Algérie) le 17 juillet 1859, est un poète, traducteur et écrivain français.
Pétrus Borel est le frère d’André Borel d’Hauterive, auteur d’un... [Lire la suite]

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