Poème 'Metz moy au bord d’ou le soleil se lève' de Jean-Antoine de BAÏF dans 'Amours de Méline'

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Metz moy au bord d’ou le soleil se lève

Jean-Antoine de BAÏF
Recueil : "Amours de Méline"

Metz moy au bord d’ou le soleil se léve,
Ou pres de l’onde ou sa flamme s’esteint,
Metz moy aux lieux que son rayon n’ateint,
Ou sur le sable ou sa torche est trop gréve.

Metz moy en joye ou douleur longue ou breve,
Liberté franche, ou servage contreint,
Mets moy au large, ou en prison retreint.
En asseurance ou doute, guerre ou trêve.

Metz moy aux piedz ou bien sur les sometz
Des plus hautz montz, Ô Meline, et me metz
En ombre triste, ou en gaye lumiere,

Metz moy au ciel, dessous terre metz moy,
Je seray mesme, et ma derniere foy
Sera sans fin egalle a ma premiere.

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Commentaires

  1. Avant le jour, le poète se lève ;
    Il ne dort point quand le soleil s’éteint.
    Visant un but que jamais il n’atteint,
    Son idéal ne se met point en grève.

    Lui, l’amateur de forme longue ou brève,
    De libres mots, de langage contraint,
    Ne lâchant point la notion qu’il étreint,
    Tient son ouvrage et le brode sans trêve.

    Il ne veut point habiter les sommets ;
    Son confort trouve aux lieux où il se met ;
    En pleine nuit, il croit à la lumière.

    Or, ce rhapsode ou ce barde, est-ce moi ?
    Je réponds "oui" ; c’est un acte de foi,
    Et grand merci à ma muse première.

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