Métempsycose
A Georges Lorin.
Longtemps après que toute vie
Sur la terre veuve aura cessé,
Les tristes ombres des humains,
Les âmes plaintives des humains,
Reviendront visiter
La terre veuve
Où toute vie aura cessé.
Elles quitteront les corps nouveaux
Que la tyrannique droite de Dieu
Aura assigné à leur destinée pérégrine,
Dans quelque planète lointaine,
Et pieusement viendront visiter
La terre veuve.
Allors, leur prunelle spirituelle
Et leur immatérielle oreille
Reconnaîtront les formes, les couleurs et les sons
Qui furent les oeuvres de leurs mains assidues,
Durant les âges amoncelés et oubliés,
Qui furent les oeuvres de leurs mains débiles,
De leurs mains plus fortes pourtant
Que le Néant.
Tandis que palpitait en eux la terrestre vie
Et que leur bouche proclamait
Le nom trois fois saint de l’Art immortel.
Et quand, au matin revenu, un autre soleil
Les rappellera vers les corps assignés
A leur destinée pérégrine,
Dans quelque planète lointaine,
Chaque ombre errante, chaque âme plaintive
Dira: – j’ai fait un rêve prodigieux.
Et, sous le fouet de l’éternelle Beauté
Et de l’éternelle Mélancolie,
Les humains à nouveau dompteront -
Dans cette planète lointaine -
Les couleurs, les formes et les sons.
Poème préféré des membres
ATOS a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Marie KRYSINSKA
Marie Anastasie Vincentine Krysinska, née à Varsovie le 22 janvier 1845 et morte à Paris le 16 octobre 1908, est une poétesse française. Fille d’un avocat de Varsovie, Marie Krysinska de Lévila vient à Paris étudier au Conservatoire de musique, études qu’elle abandonne bientôt pour s’adonner à la littérature.... [Lire la suite]
Helga la Mince à Paris
------------------
Helga fut à Paris, fine et spirituelle,
Ma muse de jadis et ma soeur en esprit ;
Cette âme qui dansait ne laisse aucun écrit
Ni d’enregistrement de sa voix sensuelle.
Les jours après les jours, dans leur course éternelle,
À notre nostalgie ne laissent pas d’abri ;
Et le soir assombri suit le matin qui rit.
Helga dans ma mémoire est toujours aussi belle.
Le temps dévore l’âme, ainsi fait-il du corps ;
Il met fin à la vie, il met fin aux transports,
Ce temps qui nous conduit vers une tombe froide ;
Mais l’amour en nos coeurs, qui jamais ne fléchit,
Par les yeux d’une amante est parfois réfléchi,
Et qu’importe qu’alors la chair devienne roide.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2019/03/26/helga-la-mince/