Meschantes nuicts d’hyver
Meschantes nuicts d’hyver, nuicts filles de Cocyte
Que la terre engendra d’Encelade les seurs,
Serpentes d’Alecton, et fureur des fureurs,
N’aprochez de mon lict, ou bien tournez plus vitte.Que fait tant le soleil au gyron d’Amphytrite ?
Leve toy, je languis accablé de douleurs,
Mais ne pouvoir dormir c’est bien de mes malheurs
Le plus grand, qui ma vie et chagrine et despite.Seize heures pour le moins je meur les yeux ouvers,
Me tournant, me virant de droit et de travers,
Sus l’un sus l’autre flanc je tempeste, je crie,Inquiet je ne puis en un lieu me tenir,
J’appelle en vain le jour, et la mort je supplie,
Mais elle fait la sourde, et ne veut pas venir.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Archange rêveur
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Cet archange rêveur, on le voit sur ce site,
Il se demande où sont sa cousine et ses soeurs,
C'est l'archange perdu, c'est l'archange rêveur,
N'approche pas de lui, ne trouble pas son gîte.
Jadis, il a reçu des leçons d'Amphitrite ;
Il est faible à présent, accablé de douleurs,
Mais garde bon espoir et sourit au malheur :
Un archange, souvent, est fort comme un ermite.
Un bel esprit se lit dans ses jolis yeux verts,
On ne l'entend jamais dire un mot de travers,
Bien doucement, il parle,et jamais il ne crie ;
Et, modeste, il préfère en son lieu se tenir,
Tout ce qui vient vers lui, il le laisse venir,
Il sait ce que tu dis, lorsque, le soir, tu pries.
Château de l’archange
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Il dort dans son château, l’archange combattant,
Son temps est révolu, sa force consumée.
Les dames qui, jadis, de lui furent aimées,
Quand les reverra-t-il ? Ce sont neiges d’antan.
Il ne connaîtra plus le triomphe éclatant
Face au subtils démons, sur la plaine embaumée.
La mort de l’univers est-elle programmée ?
C’est vrai qu’il ne va pas vers un nouveau printemps.
Il songe cependant que cette vie est belle,
Que retrouve son coeur à chaque aube nouvelle ;
Que déplorerait-il, lui qui n’a pas de pleurs ?
Il relit du Jardin la fable romancée,
Il revoit ces humains, se plonge en ses pensées ;
Tout autour du château, les prairies sont en fleurs.
Gabriel dubitatif
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D’une telle mission, comment venir à bout ?
Et comment aborder une telle auditrice ?
Certes, du genre humain c’est la consolatrice,
Mais qui, jusqu’à présent, ne le sait pas du tout.
J’aimerais cent fois mieux voler par vent debout
Et croiser de Satan les troupes destructrices,
Ou chasser les démons d’une blasphématrice,
Ou d’une croix maudite enlever tous les clous.
Mon corps tremble devant ce visage admirable,
Je ne saurais parler, je me sens misérable,
La peur me paralyse et fait pâlir mon front.
Or, le Maître le veut : je ne vais pas me taire,
Car c’est lui qui décide et c’est nous qui souffrons,
Mais c’est un noble effort, un tourment salutaire.