Médaille antique
L’Etna mûrit toujours la pourpre et l’or du vin
Dont l’Érigone antique enivra Théocrite ;
Mais celles dont la grâce en ses vers fut écrite,
Le poète aujourd’hui les chercherait en vain.Perdant la pureté de son profil divin,
Tour à tour Aréthuse esclave et favorite
A mêlé dans sa veine où le sang grec s’irrite
La fureur sarrasine à l’orgueil angevin.Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s’use.
Agrigente n’est plus qu’une ombre, et Syracuse
Dort sous le bleu linceul de son ciel indulgent ;Et seul le dur métal que l’amour fit docile
Garde encore en sa fleur, aux médailles d’argent,
L’immortelle beauté des vierges de Sicile.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Ordre chevaleresque
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Ceux de la Table Ronde aimaient goûter le vin ;
Ce geste fut pour eux un immuable rite,
Une aimable coutume, une loi non écrite,
Et la vigne autour d'eux ne poussait pas en vain.
Il n'est plus parmi nous, ce cénacle divin ;
Nous ne reverrons plus leur muse favorite
Que jamais n'abusa nulle sorte de mythe,
Mais bien le doux nectar des coteaux angevins.
Je sais qu'avec le temps, même une armure s'use ;
Son éclat se ternit dans les aubes diffuses,
Comme un oeil qui décline et se fait indulgent.
Un écu cependant, combatif, indocile,
Toujours semble appeler le combat difficile :
Un bouclier de sable aux trois lapins d'argent.