Mazurka
Rien ne captive autant que ce particulier
Charme de la musique où ma langueur s’adore,
Quand je poursuis, aux soirs, le reflet que mordore
Maint lustre au tapis vert du salon familier.Que j’aime entendre alors, plein de deuil singulier,
Monter du piano, comme d’une mandore,
Le rythme somnolent où ma névrose odore
Son spasme funéraire et cherche à s’oublier !Gouffre intellectuel, ouvre-toi, large et sombre,
Malgré que toute joie en ta tristesse sombre,
J’y peux trouver encor comme un reste d’oubli.Si mon âme se perd dans les gammes étranges
De ce motif en deuil que Chopin a poli
Sur un rythme inquiet appris des noirs Archanges.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Émile NELLIGAN
Émile Nelligan (24 décembre 1879 à Montréal – 18 novembre 1941 à Montréal) est un poète canadien (québécois). Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les... [Lire la suite]
Escuiruel fringant
--------
Je suis l’animal singulier
Qui séduit, et grimpe, et dévore ;
D’une dryade qui m’adore
Je suis le démon familier.
Les feuilles tombent par milliers,
Que le déclin dessèche et dore ;
Mais les sapins sont verts encore,
De ce lieu les plus beaux piliers.
Je cours plus vite que mon ombre,
Moi dont l’humeur n’est jamais sombre ;
Les maux par moi sont abolis.
Je suis cet animal étrange,
Fort insolent mais très poli,
Je suis rongeur, je suis archange.