Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse
Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse :
Jà la gaie alouette au ciel a fredonné,
Et jà le rossignol doucement jargonné,
Dessus l’épine assis, sa complainte amoureuse.Sus ! debout ! allons voir l’herbelette perleuse,
Et votre beau rosier de boutons couronné,
Et vos oeillets mignons auxquels aviez donné,
Hier au soir de l’eau, d’une main si soigneuse.Harsoir en vous couchant vous jurâtes vos yeux
D’être plus tôt que moi ce matin éveillée :
Mais le dormir de l’Aube, aux filles gracieux,Vous tient d’un doux sommeil encor les yeux sillée.
Çà ! çà ! que je les baise et votre beau tétin,
Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Compagne d'un prophète
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Je suis la sauterelle, engeance paresseuse ;
Je ne sais pas parler, mais je sais fredonner,
Ce qui vaut certes mieux que toujours jargonner,
Comme fait la cigale en sa langue amoureuse.
Je trouve mon repas dans une friche herbeuse ;
Je ne cherche le blé, de son grain couronné,
Mais bien la folle avoine, un léger grain donné
Au désert printanier par la saison venteuse.
Je n'ai pas de maison, et je dors en tous lieux,
Si je déjeune bien, je n'en dîne que mieux,
Et la faim, vers le soir, me maintient éveillée.
Un prophète, autrefois, fit de nous son festin ;
La lame d'une épée le prit un beau matin,
On en parle entre nous, le soir, à la veillée.
Roi d’antipourpre
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J’allais en promenade avec une danseuse,
Je n’avais point de quoi lui offrir des joyaux ;
Elle, qui n’avait soif que de mes mots loyaux,
Me répondait de même, en phrases savoureuses.
Était-ce une égérie, était-ce une amoureuse,
Éros nous avait-il brûlés de son flambeau ?
De ces amours d’antan me restent des lambeaux,
Puis une mince plaie, qui n’est pas douloureuse.
J’aime ce souvenir et ce que j’ai vécu ;
Le temps éparpillé ne se retrouve plus,
Bien vainement sera ma mémoire fidèle.
Elle qui fut si sage, et qui fut jeune et belle,
Comment aurais-je pu ne pas en être ému ?
Tu restes dans mon coeur, ma danseuse-hirondelle.