Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas
Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas,
Mais tirez-moi le coeur de votre douce haleine ;
Non, ne le tirez pas, mais hors de chaque veine
Sucez-moi toute l’âme éparse entre vos bras ;Non, ne la sucez pas ; car après le trépas
Que serais-je sinon une semblance vaine,
Sans corps, dessus la rive, où l’amour ne démène
(Pardonne-moi, Pluton) qu’en feintes ses ébats ?Pendant que nous vivons, entr’aimons-nous, Marie,
Amour ne règne pas sur la troupe blêmie
Des morts, qui sont sillés d’un long somme de fer.C’est abus que Pluton ait aimé Proserpine ;
Si doux soin n’entre point en si dure poitrine :
Amour règne en la terre et non point en enfer.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Champion d’indifférence
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Tu te moques de lui mais il ne s’en plaint pas,
D’impassibilité sa robuste âme est pleine ;
Jamais il ne pleura comme une Madeleine,
Jamais de sentiments ne se préoccupa.
Il voit sereinement l’horizon du trépas,
Il ne se flatte point d’une espérance vaine ;
Il sourit aux assauts de la noire déveine,
Même ayant peu de vin quand il prend son repas.
Il savoure pourtant le charme d’une amie,
Son silence surtout, quand elle est endormie ;
Il n’a pas pour visage un dur masque de fer.
Même, un coeur délicat palpite en sa poitrine,
Lui dont les sentiments ne sont pas en vitrine ;
Il vit sur terre, et pas aux cieux ni aux enfers.