Poème 'Maria Garcia' de Théodore de BANVILLE dans 'Rimes dorées'

Maria Garcia

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Rimes dorées"

Ses yeux charmants sont clos dans un calme sommeil.
Naguère, hélas! riant au gai zéphyr, qui touche
Une tresse et frémit sur le bord de la couche,
Ses dents de lys avaient comme un reflet vermeil.

Lorsque le vers ailé, gracieux et pareil
A quelque chant d’oiseau, murmurait sur sa bouche,
Sa lèvre rougissait, délicate et farouche,
Comme un beau fruit sanglant baisé par le soleil.

Oh! son col héroïque à la ligne si pure!
Oh! comme ses sourcils fiers et sa chevelure
Débordante allaient bien à sa chaude pâleur!

Elle brillait ainsi, folle, timide, heureuse,
Et dans ses yeux charmés par l’espérance en fleur,
Comme en un lac dormant flottait l’ombre amoureuse.

Août 1864.

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Commentaires

  1. Planète des aigles
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    Les aigles vont songeant, bien bref est leur sommeil,
    Ils rêvent d’une proie, douce quand on la touche,
    Tiède quand, auprès d’eux, son corps vaincu se couche,
    Calme, même en versant un flot de sang vermeil.

    Nous pouvons observer que leur rêve est pareil
    À leur vécu du jour, sur lequel il débouche :
    Car, nuit et jour, l’esprit de ces oiseaux farouches
    A cette vénerie pour unique soleil.

    Jamais ne rêveront d’une licorne pure
    Dont la blanche crinière est une chevelure
    Illuminant la nuit de sa froide pâleur,

    Dansant, dessous la lune, une valse amoureuse,
    Chantonnant comme fait une vestale heureuse ;
    Jamais ne rêveront qu’ils vont cueillir des fleurs.

  2. Ambivache en Eden
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    L’ambivache rumine, elle n’a pas sommeil ;
    Et jamais le discours du serpent ne la touche,
    Sans craindre le péché sous l’arbre elle se couche,
    Laissant sur elle choir deux ou trois fruits vermeils.

    Or, pour les passereaux, le cas n’est pas pareil,
    Car leurs péchés jamais sur l’enfer ne débouchent :
    Dieu préserve l’esprit de ces oiseaux farouches,
    Chacun plus pur qu’un ange ou que le clair soleil.

    Le fruit ne pourra pas gâcher leur âme pure ;
    Cette âme qui jamais ne peut se montrer dure
    Sait ignorer la honte et sa froide pâleur,

    Des pommes pour festin, une danse amoureuse,
    Chantonnant comme fait une Ève bienheureuse ;
    Jamais ne quitteront ce jardin, ni ses fleurs.

  3. Dame d’Alpha et d’Oméga
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    Dans la petite chambre abritant mon sommeil,
    À mes quelques écrits méditant des retouches
    Que dès le lendemain sur le papier je couche,
    J’ai cru voir une dame aux bijoux de vermeil,

    Porteuse d’un message à nul autre pareil
    Que Teilhard de Chardin lui transmit de sa bouche,
    Amateur de bons mots, théologien farouche,
    Ami de l’Écriture, homme du clair soleil.

    Teilhard nous a laissé de la poésie pure ;
    Il ne disait jamais une parole dure,
    Et dans cette indulgence est une vraie valeur.

    D’Alpha et d’Oméga la rencontre amoureuse
    Forme de l’Univers la chanson bienheureuse ;
    Chaque lettre au jardin semble une fraîche fleur.

  4. Loup d’azur invisible
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    Je parcours les grands bois quand je n’ai pas sommeil,
    Je peux y rencontrer quelques démons farouches ;
    J’entre dans les sentiers qui sur rien ne débouchent,
    J’y vois danser parfois la fée aux yeux vermeils.

    Dans cette obscurité, mon âme est en éveil,
    Aucun souffle violent ne passe par ma bouche ;
    La magicienne dit quelques mots qui me touchent,
    Mais elle doit se taire au retour du soleil.

    Quand la bise du Nord apporte la froidure,
    Un ermite me prête un vêtement de bure,
    Geste que j’apprécie à sa juste valeur.

    Elles ne sont plus là, mes folles amoureuses,
    Sans lesquelles ma vie est moins aventureuse ;
    Cependant, je conserve un peu de leur chaleur.

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