Margot
Grosse Margot, blanche nourrice,
Qu’adorait, en son fier caprice,
Le bon rimeur Villon,
Sur toi, sa conquête et sa proie
Et le navire de sa joie,
Flotte son pavillon!En son âme dévotieuse,
Il t’estimait plus précieuse
Que de l’or en lingot
Et, mieux qu’une chair de princesse,
Il aimait et choyait sans cesse
Ton sein, grosse Margot!Si bien qu’en ta jupe de laine,
Immortelle comme une Hélène,
Ravis, nous te voyons
Avec ta glorieuse allure,
Et que ta lourde chevelure
Est pleine de rayons.Lui, le génie, et toi, la gouge,
Vous buviez à flots du vin rouge,
Plein de rubis ardents,
Fleurant comme des violettes,
Et la pourpre des gouttelettes
Ruisselait sur tes dents.Maintenant, ô perle des filles,
Tu resplendis encor, tu brilles,
Comme de l’or moulu,
Lorsque sur du cuivre on l’applique,
Par cette raison sans réplique:
Ton François l’a voulu.Oui, ce grand Villon t’a choisie,
Comme un dieu de la poésie,
Recueillant son butin,
Choisit la fille de Tyndare;
Car il chantait comme Pindare,
A Paris, près Pantin!25 août 1888.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Un petit chat prit pour nourrice
(Et ce ne fut pas un caprice)
La douce Margoton.
Et les habitants du village
Venant admirer son corsage
Devinrent fous, dit-on.
Mais les épouses et les vierges,
Les mégères et les concierges
Tuèrent le chaton ;
Brassens en a fait un poème,
Une courte chanson dont j'aime
La saveur et le ton.