Poème 'M’introduire dans ton histoire' de Stéphane MALLARME dans 'Poésies'

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M’introduire dans ton histoire

Stéphane MALLARME
Recueil : "Poésies"

M’introduire dans ton histoire
C’est en héros effarouché
S’il a du talon nu touché
Quelque gazon de territoire

A des glaciers attentatoire
Je ne sais le naïf péché
Que tu n’auras pas empêché
De rire très haut sa victoire

Dis si je ne suis pas joyeux
Tonnerre et rubis aux moyeux
De voir en l’air que ce feu troue

Avec des royaumes épars
Comme mourir pourpre la roue
Du seul vespéral de mes chars

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Commentaires

  1. Argent et sable de rivière
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    Cette rivière est sans histoire,
    Pas de quoi s’en effaroucher ;
    Elle franchit, sans y toucher,
    De fort paisibles territoires.

    Suivant son cours aléatoire,
    Elle se tient loin du péché ;
    Elle joue le jeu, sans tricher,
    De la douceur c’est la victoire.

    Près d’elle, des oiseaux joyeux
    Vêtus d’un plumage soyeux
    Se manifestent et s’ébrouent ;

    En elle, des poissons épars
    Nagent dans les règles de l’art ;
    Jamais la surface ils ne trouent.

  2. Le seigneur Bunnybird
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    Le lapin-piaf est sans histoire,
    Il n’est jamais effarouché ;
    Il a conquis, sans y toucher,
    Un confortable territoire.

    Sa conscience est aléatoire,
    Elle se tient loin du péché ;
    Bunnybird jamais n’a triché,
    Dans sa douceur est sa victoire.

    Près de lui, des corbeaux joyeux
    Lissent leur plumage soyeux
    Et la truite au ruisseau s’ébroue ;

    Il a des souvenirs épars,
    Il me les dit sans aucun art ;
    De son karma tourne la roue.

  3. L’inventeur de la roue
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    Aux très anciens temps de l’histoire,
    N’en soyez pas effarouchés,
    Nous laissions les monstres toucher
    Aux objets de nos territoires.

    Ces artisans aléatoires,
    Nous ne pouvions les empêcher
    De bricoler et de tricher
    Pour une improbable victoire.

    Parmi eux, le dragon joyeux,
    Lissant son plumage soyeux,
    Au coeur de l’atelier s’ébroue ;

    Il prit quelques outils épars
    Et par l’effet de son grand art
    Il fut l’inventeur de la roue.

  4. Vendangeur à cornes
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    Voici le démon sans histoires,
    Il ne doit pas t’effaroucher;
    Ta vigne, il aime la toucher,
    Il croit que c’est son territoire.

    Sa vendange est aléatoire,
    Grappiller n’est pas un péché ;
    C’est vrai qu’il aime bien tricher,
    Ce sont de modestes victoires.

    La grive ou le merle joyeux
    Chantent pour ce grand bouc soyeux
    Qui parmi les pampres s’ébroue ;

    Plus loin, des insectes épars
    Ont découpé une oeuvre d’art
    Dans les vertes feuilles qu’ils trouent.

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