Poème 'Lui' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

Lui

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

Il a bientôt deux ans. Parfois, quand je le gronde,
Il baisse ses grands yeux qu’une larme a ternis ;
Et puis, avec des airs de douceur infinis,
Il relève vers moi sa belle tête blonde.

Et tout à coup, ― l’enfance a ces retours bénis, ―
D’un sourire joyeux sa figure s’inonde ;
Il jase en éclatant de rire, et sa faconde
Semble un gazouillement d’oiseaux au bord des nids.

Alors au fond de moi quelque chose remue ;
De tendresses sans nom ma pauvre âme est émue ;
Sous mes cils à mon tour je sens des pleurs jaillir…

Merci, mon Dieu, merci ! vous dont la pitié sainte
A mêlé ce rayon de miel à notre absinthe :
L’enfant aimé pour nous consoler de vieillir !

(1878)

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Commentaires

  1. Un vieux maître se tient au bord d'un grand cours d'eau,
    Disant : «Ecoutez voir, j'en ai une bien bonne :
    Toute chose qui passe est pareille à ce flot.»
    Cette dure leçon que le vieux maître donne

    N'est pas inattendue, et ne surprend personne.
    Il n'est refuge aucun, dans le ciel, pour l'oiseau,
    Et l'univers n'est pas une horloge qui sonne.
    Mais pour un arrivant, comme il paraît nouveau !

    Un enfant découvrant son premier champ de neige,
    Puis, tout ce qui effraie, et tout ce qui protège,
    Et le vent qui s'amuse à coiffer ses cheveux...

    De ces cent mille instants que l'on ne sait décrire,
    Tenter l'évocation, vous la donner à lire :
    C'est, comme humble vieillard, tout le bien que je veux.

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