Lucidité
Tendre à qui te lapide et mortelle à qui t’aime,
Tu fais de l’attitude un règne de poème,
O femme dont la grâce enfantine et suprême
Triomphe dans la fange et les pleurs et le sang !Tu n’aimes que la main qui meurtrit ta faiblesse,
La parole qui trompe et le baiser qui blesse,
L’antique préjugé qui ment avec noblesse
Et le désir d’un jour qui sourit en passant.Férocité passive, hypocritement douce,
Pour t’attirer, il faut que le geste repousse :
Ta chair inerte appelle, en râlant, la secousse.
Tu n’as que le respect du geste triomphant.Esclave du hasard, des choses et de l’heure,
Etre ondoyant en qui rien de vrai ne demeure,
Tu n’accueilles jamais la passion qui pleure
Ni l’amour qui languit sous ton regard d’enfant.Le baume du banal et le fard du factice,
Créature d’un jour ! contentent ton caprice,
Et ton corps se dérobe entre les mains et glisse…Jamais tu n’entendis le cri du désespoir.
Jamais tu ne compris la gravité d’un songe,
D’un reflet dont le charme expirant se prolonge,
D’un écho dans lequel le souvenir se plonge,
Jamais tu ne pâlis à l’approche du soir.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire