Poème 'L’orgueil des lourds anneaux' de Renée VIVIEN dans 'Études et préludes'

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L’orgueil des lourds anneaux

Renée VIVIEN
Recueil : "Études et préludes"

L’orgueil des lourds anneaux, la pompe des parures,
Mêlent l’éclat de l’art à ton charme pervers,
Et les gardénias qui parent les hivers
Se meurent dans tes mains aux caresses impures.

Ta bouche délicate aux fines ciselures
Excelle à moduler l’artifice des vers :
Sous les flots de satin savamment entr’ouverts,
Ton sein s’épanouit en de pâles luxures.

Le reflet des saphirs assombrit tes yeux bleus,
Et l’incertain remous de ton corps onduleux
Fait un sillage d’or au milieu des lumières.

Quand tu passes, gardant un sourire ténu,
Blond pastel surchargé de parfums et de pierres,
Je songe à la splendeur de ton corps libre et nu.

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Commentaires

  1. Je me suis promené dans la ville batave,
    Il y a de cela, peut-être, bien des ans.
    Je revois, près des ponts et des canaux luisants,
    Les maisons possédant une entrée sur leur cave.

    On voit les visiteurs avancer d'un air grave,
    Le décor de la ville est des plus apaisants.
    Or, combien de bourgeois, combien de paysans
    Ont contemplé ces murs qui aux canaux se lavent?

    Quelques boutiques n'ont pas l'air d'être un commerce,
    Plutôt un vieux salon où des dames conversent
    Avec des romanciers, avec des ingénieurs.

    En rêve je revois ces éclairages rouges,
    Un monde de douceur, tout l'inverse d'un bouge,
    Tièdes chapelles pour la Mère du Seigneur.

  2. Ambigrue
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    L’ambigrue, arborant ses plumes pour parure,
    Tout au long de sa vie, ne fait rien de pervers ;
    Elle est sage en automne et tranquille en hiver,
    Ne buvant jamais l’eau des fontaines impures.

    Sa griffe délicate aux fines ciselures
    Excelle à découvrir la cachette des vers :
    Sous les sables marins savamment entrouverts,
    Elle les prend au nid, quotidienne pâture.

    Son vol n’assombrit pas la clarté du ciel bleu ;
    L’ondine la salue de ses bras onduleux
    Et son plumage d’or est habit de lumière.

    Le poète, gardant un sourire ténu,
    N’a que peu de regret du petit ver tout nu
    Qu’a mangé l’ambigrue en retournant les pierres.

  3. Ambibaron
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    Du vieil ambibaron l’origine est obscure,
    Issu d’aïeux vaillants ou de brigands pervers ;
    Sinistre est son manoir, l’été comme l’hiver,
    En sa chapelle on voit des idoles impures.

    Il est armé d’un sabre aux fines ciselures
    Qui d’un fourreau de bronze est toujours recouvert ;
    Jamais il n’entrera dans un conflit ouvert,
    Chose qu’il percevrait comme une salissure.

    Jamais il n’a rêvé d’un exploit fabuleux,
    Jamais il ne se rend aux endroits populeux,
    Lui qui n’a nul besoin d’être en pleine lumière.

    Un jour, il s’en ira comme il était venu ;
    Sera-t-il regretté, ce seigneur inconnu ?
    À sa mémoire on va juste boire une bière.

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