L’Ombre assourdit le flux
L’ombre assourdit le flux et le reflux des choses.
Parmi l’accablement des parfums et des fleurs,
Tes lèvres ont pleuré leurs rythmiques douleurs
Dans un refrain mêlé de sanglots et de pauses.Et la langueur des lits, la paix des portes closes,
Entourent nos désirs et nos âpres pâleurs…
Dédaignant la lumière et le fard des couleurs,
Nous mêlons aux baisers le soir lassé de roses.Tes yeux aux bleus aigus d’acier et de crystal
S’entr’ouvre froidement, ternis comme un métal ;
Le ciel s’est recouvert d’une brume blafarde.Effleurant ton sommeil opprimé sous le faix
Des ivresses, la lune aux rayons verts s’attarde
Sur la ruine d’or de tes cheveux défaits.
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
L’oiseau de juin
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Il assourdit son chant pour parler d’autre chose,
Cet oiseau que l’on voit tourner autour des fleurs :
Son appel surprenant évoque une douleur
Qui tantôt se réveille et tantôt fait la pause.
Sa demeure, un palais dont les portes sont closes,
Avec douze valets d’une étrange pâleur ;
Les murs de chaque pièce ont perdu leurs couleurs,
Mais aux vastes jardins sont de tardives roses.
La plainte de l’oiseau sonne comme un cristal
Qui recevrait les coups d’un outil de métal ;
On dirait le refrain d’une chanson blafarde.
Le poète, à l’entendre, est un peu stupéfait,
Nous le voyons pensif, et son esprit s’attarde
Sur la mélancolie de ce bonheur défait.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2017/06/28/loiseau-de-juin/
Cheval de brume
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Ce cheval vit de peu de chose,
Des mots du vent, du chant des fleurs ;
Peu de plaisirs, peu de douleurs,
Du rêve par petites doses.
Son corps de brume se compose,
Dont tu remarques la pâleur ;
Son âme arbore la couleur
Des plus extravagantes roses.
Son père était fait de cristal
Et son grand-père de métal ;
Sa mère de vapeur blafarde.
De son corps, il est satisfait,
C’est, du moins, ce qu’il dit au barde
Qui le contemple, stupéfait.