Lise
J’avais douze ans; elle en avait bien seize.
Elle était grande, et, moi, j’étais petit.
Pour lui parler le soir plus à mon aise,
Moi, j’attendais que sa mère sortit;
Puis je venais m’asseoir près de sa chaise
Pour lui parler le soir plus à mon aise.Que de printemps passés avec les fleurs!
Que de feux morts, et que de tombes closes!
Se souvient-on qu’il fut jadis des coeurs?
Se souvient-on qu’il fut jadis des roses?
Elle m’aimait. Je l’aimais. Nous étions
Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.Dieu l’avait faite ange, fée et princesse.
Comme elle était bien plus grande que moi,
Je lui faisais des questions sans cesse
Pour le plaisir de lui dire: Pourquoi?
Et, par moments, elle évitait, craintive,
Mon oeil rêveur qui la rendait pensive.Puis j’étalais mon savoir enfantin,
Mes jeux, la balle et la toupie agile;
J’étais tout fier d’apprendre le latin;
Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile;
Je bravais tout; rien ne me faisait mal;
Je lui disais: Mon père est général.Quoiqu’on soit femme, il faut parfois qu’on lise
Dans le latin, qu’on épèle en rêvant;
Pour lui traduire un verset, à l’église,
Je me penchais sur son livre souvent.
Un ange ouvrait sur nous son aile blanche
Quand nous étions à vêpres le dimanche.Elle disait de moi: C’est un enfant!
Je l’appelais mademoiselle Lise;
Pour lui traduire un psaume, bien souvent,
Je me penchais sur son livre à l’église;
Si bien qu’un jour, vous le vîtes, mon Dieu!
Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu.Jeunes amours, si vite épanouies,
Vous êtes l’aube et le matin du coeur.
Charmez l’enfant, extases inouïes!
Et, quand le soir vient avec la douleur,
Charmez encor nos âmes éblouies,
Jeunes amours, si vite évanouies!Mai 1843.
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Victor HUGO
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Fils d’un général d’Empire souvent... [Lire la suite]
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Savez-vous si l'amour est réciproque dans ce poème ?
Eh bien, selon moi, cet amour est réciproque. Regarde vers 11 "Elle m'aimait. Je l'aimais. Nous [le elle + le je = le nous]. Ils ne forment plus qu'un, une entité. Après, il y a une anaphore vers 12 : "Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons", ils sont identiques, ils sont exactement pareil selon lui. De plus, je pense que le "jeunes amours", c'est Victor Hugo et Lise. Voila, j'espère t'avoir aidé, à plus!
Selon moi cet amour n'est pas réciproque car le poète prétend qu'elle l'aimait (vers 11) mais on voit plus tard dans le poème que Lise disait de lui "C'est un enfant" (vers 31). J'espère t'avoir aidé (même si je te réponds 9 ans plus tard
Après réflexion, je me rends compte que si, leur amour est bien réciproque. Petite erreur de ma part