L’Immortelle
Muse, Daudet n’a pas raison;
Sa justice n’est qu’apparente,
Car ta divine floraison
Vit très bien avec les Quarante.L’Académie est un phénix
Riant comme Cypris dans l’île;
Et certes elle a monsieur X,
Mais elle a Leconte de Lisle.Elle reçoit dans un salon
Cette duchesse, l’Épopée.
Tu dois aimer l’endroit où l’on
Voit Sully Prudhomme et Coppée.Dans le vieux palais Mazarin
Où ta chanson la divinise,
Minerve au lourd casque d’airain
Avec toi joue et s’humanise.Il vaut mieux, et c’est plus décent,
La voir là que dans une auberge,
Et ton bel oeil incandescent
Fait rire à propos cette vierge.La palme verte a moins d’appas
Et moins de splendeur qu’une rose,
Mais cependant on n’en meurt pas.
Va pour un peu d’apothéose!Tes yeux sont pleins de diamants
Et de sagesse et de folie,
Et tous les travestissements
Te rendent encor plus jolie.Les charmes sont divers, mais on
En voit chez toi le monopole,
Et quand tu vas dans la maison
Où l’on est sous une coupole,Chacun regarde tes cheveux
Et songe et te voudrait pour sienne,
Et tu peux même, si tu veux,
Te faire académicienne.21 juillet 1888.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
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