L’hiver
C’est l’hiver sans parfum ni chants…
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles…- Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.- Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles…
Poème préféré des membres
LOLICID a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Anna de NOAILLES
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et romancière française, d’origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte à Paris le 30 avril 1933. Née à Paris, descendante des familles de boyards Bibescu et Craioveşti de Roumanie, elle est la fille du... [Lire la suite]
- Moi seule je connais ta langoureuse allure
- Nous t'avons bien redouté
- Parce que dès l'enfance et d'instinct tu...
- Certes j'aime ce que je pense
- Je n'ai besoin, de toi, que toi-même! sans...
- Si tu rencontrais par moment
- Si j'apprenais soudain que, triste,...
- Ce n'est peut-être pas le tribut que...
- Nos maux nous ont tués; si nous vivons encor
- Je ne puis jamais reposer
- La jeunesse (3)
- Tu as ta force, j'ai ma ruse (3)
- L'amour, vorace et triste, en son humble... (3)
- Le Jardin et la Maison (2)
- Le Cœur (2)
- Le Temps de vivre (2)
- J'ai travesti, pour te complaire (2)
- Que crains-tu ? L'excès ? l'abondance (2)
- Pourquoi ce besoin fort et triste (2)
- On est bon si l'on est tranquille (2)
Au pâturage blanc, la noirceur des corbeaux
Semble une illustration pour un recueil de fables.
Ils cherchent à manger dans le froid redoutable;
Sous le soleil naissant, les voilà presque beaux.
Ils parviennent souvent à tirer du tombeau
Un insecte bien gras, pitance délectable.
Si je voulais montrer leur démarche ineffable,
Je devrais emprunter de son encre à Rimbaud,
Mais plus modestement, j'use de mon clavier
Pour peindre les frimas de ce mois de janvier,
Dont le ciel cependant est d'humeur rayonnante.
Bientôt le pâturage à nouveau sera vert,
Alors j'emprunterai une plume à Prévert
Pour montrer des corbeaux les manières charmantes.