L’Exemple
Sous le fécond soleil des nations antiques,
L’homme était riche en dieux dont il savait les noms ;
Et des images d’or encombraient les portiques,
Ou, géantes, gardaient le seuil des Parthénons.Et pourtant, jamais las d’encens ni de prières,
L’homme des jours sereins où riaient les dieux nus,
Entre le ciel et lui rêvant plus de lumières,
Sacrifiait encore à des dieux inconnus !Nos coeurs ne vibrent plus aux naissances prochaines
De ceux que conviait le large coeur païen ;
Et ce n’est plus afin de ressaisir des chaînes
Que nous fouillons la foi de l’univers ancien.Aux stériles éclairs d’un soleil qui s’épuise,
Sur le poudreux amas des autels d’autrefois,
Nous regardons crouler les fûts noirs de l’église,
Sans que la mort d’un dieu fasse gémir les bois.Tous les dieux sont-ils morts ? Ou, vaincus par l’exemple,
Ceux qui nous voient de loin livrés au sombre mal,
Renoncent-ils d’avance à la gloire du temple,
Par horreur du calvaire et du sang baptismal ?
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
Seuil de l’inconnu
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Me franchir, c’est quitter ta contrée familière,
Tu hésites, sans doute, et tu as bien raison ;
Je t’offre une aventure assez particulière,
Peut-être, tu devrais rester dans ta maison.
Dans l’autre endroit, de rien ne servent les prières,
Ni d’avoir bien appris, autrefois, tes leçons ;
Tu seras entraîné dans une errance fière,
Tu seras accueilli d’une étrange façon.
Ce monde est angoissant, mais il n’est pas hostile,
Malgré quelques démons rôdant aux péristyles ;
Tu seras désarmé par leur simplicité.
Ici la Vérité, d’une brise vêtue,
Chevauche, sous le nom d’Improbabilité,
Son rapide coursier, une noble Tortue.
Et cependant
nous passons tous les jours
par de telles frontières.
Maison de nulle part
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Derrière son rideau de lierre,
Jardin sans rime ni raison ;
Puis, la demeure familière,
Une bien modeste maison.
Au soir elle prend la lumière
D’un soleil bas sur l’horizon ;
L’hiver, quand ronfle la chaudière,
C’est une assez sombre saison.
Les occupants, des gens futiles,
Au monde n’étant plus utiles,
Baignent dans leur simplicité.
Maison bizarrement foutue,
On s’accoutume à l’habiter,
Bien au calme elle se situe.