L’Esprit Parisien
Esprit parisien ! démon du Bas-Empire !
Vieux sophiste épuisé qui bois, toutes les nuits,
Comme un vin dont l’ivresse engourdit tes ennuis,
Les gloires du matin, la meilleure et la pire ;Froid niveleur, moulant, aussitôt qu’il expire,
Le plâtre d’un grand homme ou bien d’un assassin,
Leur mesurant le crâne, et, dans leur vaste sein,
Poussant jusques au cœur ta lèvre de vampire ;Tu ris ! — Ce mois joyeux t’a jeté trois par trois
Les fronts guillotinés sur la place publique.
— Ce soir, fais le chrétien, dis bien haut que tu crois.À genoux ! roi du mal, comme les autres rois !
Pour que la Charité, de son doigt angélique,
Sur ton front de damné fasse un signe de croix.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Alfred de VIGNY
Alfred Victor, comte de Vigny est un écrivain, dramaturge et poète français, né le 27 mars 1797 ou 7 Germinal An 5 à Loches (Indre-et-Loire) et mort le 17 septembre 1863 à Paris, 8ème. Figure du romantisme, contemporain de Victor Hugo et de Lamartine – il fréquente le Cénacle – il écrit parallèlement à une carrière... [Lire la suite]
Nef d'or
----------
C'est la nef d'or, portant un prêtre de l'Empire,
Sur l'océan d'argent d'avançant jour et nuit,
Rencontrant le bonheur, rencontrant les ennuis,
Parée à recevoir le meilleur et le pire.
Volent de beaux poissons dans le vent qui soupire,
Plane un lion magicien qui dans la brume fuit ;
La corne d'abondance offre ses bons produits,
Prodiguant son miracle à tout ce qui respire.
La nef n'a pas de mât, mais un clocher bien droit,
Son équilibre vient des vertus de la foi
Et d'un constant recours à la métaphysique ;
Elle va, sur les flots, suivant sa propre loi.
-- Quelle destination, prêtre de bon aloi ?
-- Je l'improvise au vol, comme on fait, en musique.
Deuxième vers : s'avançant.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2015/04/25/nef-dor/
Nef ascendante
----------
Une pente liquide à gravir, c’est du sport,
Et ce lac incliné, c’est vraiment un délire ;
Nous l’escaladons mieux que tout autre navire,
À l’horizon déjà je vois les quais du port.
Tu dois être prudent quand tu tires des bords,
Cette montée oblique est ce qu’on fait de pire ;
Neptune a parsemé de pièges son empire,
Homme, sois vigilant sur tribord et bâbord.
Ainsi, nous progressons sur la pente liquide,
Le soleil nous éclaire et la lune nous guide ;
L’ondin nous voit passer sans trop mal réagir.
Fais gaffe au cachalot, quelquefois il se fâche,
D’un certain point de vue le voyage ça gâche ;
Aussi, quand tous les vents se mettent à rugir.
une pente face à ce sport
ce lac s'approche du délire
nous Lamartine et le navire
à l'horizon Arthur au port
tu dois te cacher sur les bords
cette histoire est de pire en pire
Neptune m'exclue de son empire
homme seul je suis à bâbord
ainsi je vais boire un liquide
le soleil chaleureux me guide
l'ondin ne veut plus réagir
fais attention le froid se fâche
d'un certain virage il gâche
aussi tous les vents sans rugir.
ledactylographe 2022