Les Vents
Noires syrinx d’ombre et de tôle,
Les inégales cheminées,
Sur les villes échelonnées,
Au long des mers jusques au pôle,
Grondent aux bises déchaînées,
Durant l’automne.Assis en rond autour du feu,
Les hommes las et miséreux
Souffrent et geignent.
Le désespoir et l’ennui règnent ;
On s’examine et l’on attend.
Nul ne répond aux mots stridents
Que promulguent les cheminées
Vers les révoltes acharnées,
De ville en ville, au loin, sur les routes du vent.Seuls, peut-être, seuls les poètes
Pourraient répondre à la tempête
Et diriger vers des horizons clairs, l’essaim
Des paroles et les traduire.
Mais ils s’en vont par tels chemins
Loin des foyers humains,
Vers la conquête d’un Empire
Dont ils seraient les maîtres – seuls.Et l’espace pareil à un linceul
Ne recueille que plainte et que douleur mort-nées
Et la clameur des cheminées,
Noires syrinx d’ombre et de tôle,
Depuis les mers jusques au pôle,
N’est qu’un chaos d’inutiles paroles.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
- J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
- Les Vêpres
- Le clair jardin c'est la santé
- Sois-nous propice et consolante encor...
- Les Meules qui Brûlent
- Si d'autres fleurs décorent la maison
- S'il était vrai
- Lorsque s'épand sur notre seuil la neige...
- Que nous sommes encor heureux et fiers de...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
Voir aussi
http://seulementbd.blogspot.com/2020/09/pan-et-la-syrinx-dans-pilote-fred-et.html