Les Vendeuses de Fleurs
Elles attendent, dans l’or bleu d’un réverbère,
Quand la nuit des cités tragiques délibère
Au pied d’un réverbère.Elles attendent… Et, frissonnant de dégoût,
Les Fleurs, sous leurs doigts gris, leur haleine d’égout,
Ont blêmi de dégoût.L’âpre fraternité de leurs petites haines
Epie en frémissant les Vendeuses obscènes
Que menacent leurs haines.Les violettes ont une âme de venin…
Les lilas, affectant un sourire bénin,
Composent leur venin.Les Vendeuses, mâchant des relents de rogommes,
Roulent leurs yeux pareils aux yeux rouges des hommes
Où luisent les rogommes.Maléfiques, les Fleurs distillent l’opium
Et le haschisch de leurs parfums… Le simple rhum
S’aiguise d’opium.Les Fleurs font miroiter leurs gloires orgiaques
Dans la boue, et font rire, au creux sombre des flaques,
Les rêves orgiaques.Les Fleurs ont recueilli les miasmes du Sud.
Leur mémoire, profonde ainsi qu’un soir Talmud,
Sait les poisons du Sud.Les Vendeuses, avec des rires d’hystériques,
Jettent, en éructant leurs impudents cantiques,
Des appels d’hystériques,Et leur bave sanglante a souillé le trottoir…
Les Vendeuses, avec des clameurs d’abattoir,
Roulent sur le trottoir.
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
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