Les Trois oiseaux
J’ai dit au ramier : — Pars & va quand même,
Au delà des champs d’avoine & de foin,
Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime.
Le ramier m’a dit : — C’est trop loin !Et j’ai dit à l’aigle : — Aide-moi, j’y compte,
Et, si c’est le feu du ciel qu’il me faut,
Pour l’aller ravir prends ton vol & monte.
Et l’aigle m’a dit : — C’est trop haut !Et j’ai dit enfin au vautour : — Dévore
Ce cœur trop plein d’elle & prends-en ta part.
Laisse ce qui peut être intact encore.
Le vautour m’a dit : — C’est trop tard !
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François COPPÉE
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète du souvenir d’une première rencontre... [Lire la suite]
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Trois oiseaux de gueules
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C'est le premier oiseau de gueules qui fredonne
Un air du temps passé, pour charmer le renard ;
-- Oiseau, je ne suis pas un client pour ton art,
J'aime juste manger les morceaux qu'on me donne.
C'est le deuxième oiseau de gueules qui proclame
La beauté du cosmos, pour séduire un goupil ;
-- Oiseau, je ne veux point de ton discours subtil,
J'aime mordre dedans ce qu'a rôti la flamme.
C'est le troisième oiseau de gueules qui prononce
Ces trois petits quatrains pour plaire à des lecteurs.
-- Oiseau, j'aime les vers, s'ils proviennent du coeur,
L'exercice de style est, pour moi, sans réponse.
Trois beaux oiseaux de sinople
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L’oiseau des temps anciens se pose sur ma treille ;
Je ne lui offre pas le vin de mon cellier,
Mais j’accueille avec joie cet hôte familier :
Il me vient du passé qui dans mon âme veille.
L’oiseau de l’avenir, quand surgit une abeille,
En aucune façon ne la veut houspiller ;
Elle tourne, paisible, autour de l’espalier,
Et son bourdonnement est plaisant à l’oreille.
L’oiseau du temps présent dissimule sa face,
Mais je me doute bien qu’il me fait la grimace ;
Puisque j’ai du bon vin, je ne m’en soucie pas.
Passé, présent, futur, répartis de la sorte,
Ils ne peuvent jamais revenir sur leurs pas ;
Et moi, dans mon jardin, je songe aux années mortes.
Trois bras et pas de tête
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Le tridextre est tenté par les choses brillantes,
Lui qui pourtant ne peut percevoir leur éclat ;
Pour le papier d’argent, celui du chocolat,
Tu le vois accomplir des danses frétillantes.
Ses doigts sont animés d’extases fourmillantes ;
À force de vibrer souvent il s’envola,
Mais pas pour très longtemps, la chose l’affola,
Il ne put maîtriser cette course vrillante.
Certains jours, il trépigne avec sauvagerie,
Son ancêtre d’ailleurs se démenait ainsi,
Qui est représenté dans notre imagerie.
Or, quant à la tendresse, il la connaît aussi,
Mais elle n’est pour lui que vaine songerie,
Comme un rêve furtif, un nuage imprécis.
Bélier pensant
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J’énonce des choses brillantes,
Mais sans bien capter leur éclat ;
Un jour, j’ai fait rire un prélat,
Rompant sa pause roupillante.
Dans ces recherches fourmillantes
Souvent mon esprit s’emballa ;
Ma tranquillité s’en alla,
Ma raison devint boitillante.
Les brebis de ma bergerie
N’aiment pas trop me voir ainsi,
Tel un loup de ménagerie.
Les agneaux se plaignent aussi ;
Je retourne à ma songerie,
Sans rien en dire de précis.