Les Tourterelles
Et voy ces deux colombelles,
Qui font naturellement,
Doucement,
L’amour du bec et des ailes.
Ronsard.Cependant qu’étrangère à la nature en fête,
Elle rêvait sans but sur sa couche défaite,
Le soleil frissonnait sur l’or et les damas ;
Le doux air de l’été, qui chasse les frimas,
Chargé de la couleur et du parfum des roses,
Entrait, et redonnait la vie à mille choses.
Le vin était de pourpre, et les cristaux de feu.
Alors, comme, en jouant, deux cygnes d’un lac bleu,
Comme deux lys jumeaux que leur beauté protège,
D’un vol silencieux, deux colombes de neige
Franchirent l’azur vaste et vinrent se poser
Sur la fenêtre ouverte, et dans un long baiserSe becqueter sans fin en remuant les ailes.
Or, la douce beauté, voyant ces tourterelles,
(Tandis que de la mousse et des feuillages verts
S’exhalaient alentour mille parfums amers,)
Laissait, l’âme enivrée à la brise fleurie,
Dans le bleu de l’amour errer sa rêverie.
Dis-moi, que faisais-tu loin d’elle, ô bel enfant !
Tandis que sur son col et sur son dos charmant
Couraient à l’abandon ses tresses envolées,
Que faisais-tu, perdu sous les longues saulées,
Et que te disaient donc, ô timide rêveur !
Les brises de l’été si pleines de saveur ?Avril 1845.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
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