Les Quatre sans cou
Ils étaient quatre qui n’avaient plus de tête,
Quatre à qui l’on avait coupé le cou,
On les appelait les quatre sans cou.Quand ils buvaient un verre,
Au café de la place ou du boulevard,
Les garçons n’oubliaient pas d’apporter des entonnoirs.Quand ils mangeaient, c’était sanglant,
Et tous quatre chantant et sanglotant,
Quand ils aimaient, c’était du sang.Quand ils couraient, c’était du vent,
Quand ils pleuraient, c’était vivant,
Quand ils dormaient, c’était sans regret.Quand ils travaillaient, c’était méchant,
Quand ils rodaient, c’était effrayant,
Quand ils jouaient, c’était différent,Quand ils jouaient, c’était comme tout le monde,
Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres,
Quand ils jouaient, c’était étonnant.Mais quand ils parlaient, c’était d’amour.
Ils auraient pour un baiser
Donné ce qui leur restait de sang.Leurs mains avaient des lignes sans nombre
Qui se perdraient parmi les ombres
Comme des rails dans la forêt.Quand ils s’asseyaient, c’était plus majestueux que des rois
Et les idoles se cachaient derrière leur croix
Quand devant elles ils passaient droits.On leur avait rapporté leur tête
Plus de vingt fois, plus de cent fois,
Les ayant retrouves à la chasse ou dans les fêtes,Mais jamais ils ne voulurent reprendre
Ces têtes où brillaient leurs yeux,
Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.Cela ne faisait peut-être pas l’affaire
Des chapeliers et des dentistes.
La gaîté des uns rend les autres tristes.Les quatre sans cou vivent encore, c’est certain,
J’en connais au moins un
Et peut-être aussi les trois autres,Le premier, c’est Anatole,
Le second, c’est Croquignole,
Le troisième, c’est Barbemolle,
Le quatrième, c’est encore Anatole.Je les vois de moins en moins,
Car c’est déprimant, à la fin,
La fréquentation des gens trop malins.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
- Les Quatre sans cou, de Robert Desnos | Blog de Jean-Marie Meilland
Rédiger un commentaire
Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Quelqu'un pourrait me dire quand a été rédigé ce poème svp !!
Bonjour Margot. Ce poème a été écrit par Robert DESNOS en 1934.
J'ai un commentaire à faire sur ce poème où je dois montrer les procédés utilisés avec des exemples et les interprétations. Quelqu'un pourrait-il m'aider s'il vous plait ?
@ Marie : Tu es en seconde ? Es ce que tu serais dans un lycée dans le 78 ?
Bonjour, je souhaiterais savoir, or mis le fait que ce poème est de style "Surréaliste" si il est considéré comme étant "mélancolique" en poésie ! Merci de bien vouloir me répondre le plus rapidement possible, bonne journée à vous.
bonjour,
j'ai une analyse de ce poeme à faire avec less domaines suivants:
contextualisation(contexte historique, presentation de l'auteur...)
analyse(structure, métrique, forme, figures de style, champs lexicaux, systeme enonciatif)
merci
ce n'est pas que j'ai la flemme, c'est juste que je ne comprends rien et que je n ai pas envie de me prendre une bulle
merci
Quatre martyrs
-----------------
C'étaient quatre grands saints, de leur tête porteurs :
Saint Denis qui demeure au-delà d'une plaine,
Saint Gohard, qui filait une très pure laine,
Saint Frajou, maîtrisant l'art des apiculteurs
Et Saint Clair de Beauvais, merveilleux orateur.
Nul des quatre ne fit de tentative vaine
Pour recoudre son cou, ce n'en fut point la peine ;
D'ailleurs, ça leur eût fait perdre des spectateurs.
Robert les a décrits comme deux Anatoles,
Avec uni Croquignole ainsi qu'un Barbemolle,
Qui, collectivement, sont les Quatre Sans Cou.
Je demande à Denis : « Pauvre céphalophore,
Comment vis-tu l'état que chez toi l'on déplore ? »
« Bien, dit-il, du moment que je peux boire un coup .»
Pour Marie du 2 mai 2011:ce poème est magnifiquement interprété par Pierre Brasseur.
Dragons des points cardinaux
---------------------------------
Ces quatre dragons-là font un commerce louche,
Nul ne voit clairement quels sont leurs intérêts ;
Car ceux qui ont voulu savoir ce qu’il en est
Furent intimidés par ces êtres farouches.
Un invisible feu sort de leur vaste bouche,
Qui nous peut aveugler, paraît-il, quand il naît ;
Détenteurs de cette arme, ils font ce qui leur plaît,
N’en déplaise aux prêcheurs et aux saintes-nitouches.
Sur ces différents points, je ne les juge pas ;
Ils ne feront jamais d’un barde leur repas,
Nobles monstres qu’ils sont, ils savent se conduire.
Ce n’est pas leur propos de devenir des saints,
Mais qui donc le voudrait, dans ce monde malsain ?
On peut se contenter, d’abord, de ne pas nuire.
Dieu quadruple
-----
Le quatrième aspect, des trois autres porteur,
Possède un sanctuaire au milieu d’une plaine ;
Tous les prêtres y sont vêtus de blanche laine,
Les uns sont des savants, d’autres, des inventeurs.
Le pape du troisième est un bel orateur
Qui rarement dira la moindre phrase vaine ;
La deuxième hypostase, on la connaît à peine,
Qui jamais ne se montre à des observateurs.
Or, le premier visage est fait de paraboles
Qu’un métaphysicien prend pour des fariboles ;
Autrement, sur son compte, on n’en sait pas beaucoup.
On entend dire aussi « Ce sont des métaphores,
Et cela ne vaut point le bon vin des amphores» ;
Ceux qui pensent ainsi s’en iront boire un coup.
Erur
Quatre chevaliers
----------
Des mêmes armoiries ces quatre sont porteurs,
Qui sur les grands chemins ensemble se promènent ;
Je crois qu’ils sont tous quatre amoureux d’une reine,
Sans égards pour le roi qui fut leur bienfaiteur.
Nullement de la guerre ils ne sont amateurs,
Ils n’y voient qu’un assaut de brutalité vaine ;
Si l’on tue leurs amis, ça leur fait de la peine,
Mais ils n’abattront point des meurtres les auteurs.
Les armures pour eux ne sont que des symboles,
Comme les sont aussi des prêtres les étoles ;
Mais ils les porteront sans échanger des coups.
Je les vois occupés à vider une amphore ;
Leur visage bientôt de rose se colore,
Cet univers pour eux ne compte plus beaucoup.
j'ai composé un poème: les quatre sans cul!!!!
Nord, Sud, Est, Ouest
----------------
Les astres ne sont pas menteurs,
Ni au hasard ne se promènent ;
La nécessité les entraîne,
Jamais en panne de moteur.
Ils aident les navigateurs,
Y compris les grands capitaines ;
Ils compatissent à leurs peines,
Eux qui vivent dans les hauteurs.
N'est pas astre tout ce qui vole
Ni ce qui suit une hyperbole ;
Cela nous tromperait beaucoup.
N'est pas astre le photophore,
Il ne l'est que par métaphore ;
Se méprendre aurait un grand coût.
... mais deux beaux yeux sont des astres jumeaux.
La Bande des Quatre
--------------
Ce sont quatre bonimenteurs,
Quatre douteux énergumènes ;
Dans le village ils se promènent
Sans aucun but, avec lenteur.
Ils cherchent des admirateurs,
Je trouve leur quête un peu vaine ;
Ils comptent sur un coup de veine
Qui, pour eux, serait salvateur.
Oublions ces êtres frivoles
Et diffuseurs de fariboles ;
Ils ne gagneront aucun lot.
Allons plutôt vider l’amphore
Que nous offrent les canéphores ;
Les Quatre n’auront que de l’eau.