Les pauvres
Les pauvres sont charmants, pour peu qu’on les approche.
La plupart sont polis, j’en ai vu de tout près.
Bien sûr, j’avais un peu de monnaie dans ma poche
Mais ils n’en savaient rien, je n’ai donné qu’après.
Les pauvres sont curieux, le travail les attire,
Y compris les métiers fort sales et rebutants.
Je crois qu’ils ont raison, l’oisiveté c’est pire !
Ils se plaignent, c’est vrai, mais ils sont très contents.Au fond, la pauvreté c’est un genr’ qu’ils se donnent.
La preuve : j’en ai vu sourire à pleines dents !
Pour nommer leur épouse, ils disent la patronne
Pour tout dire en un mot, les pauvres sont tordants.
La plupart sont très laids, à force d’être sales,
Que leurs têtes ressemblent aux têtes d’ouvriers
Qui, ceux-là, sont affreux, n’aimant que le scandale,
Prêts à n’importe quoi pour être mieux payés.Mon Dieu, ceux-là, bien sûr, sont de fort mauvais pauvres,
Ils sont mal éduqués, ils se battent entre eux,
Lorsque j’en aperçois, je prends peur, je me sauve.
Qu’ils soient dans la misère, ces monstres-là, tant mieux !Mes pauvres à moi sont doux, sont souriants, sont timides.
Ils se vantent bien haut d’aimer Notre Seigneur.
Certes, beaucoup d’entre eux sont à moitié stupides,
Mais ils n’y sont pour rien ! C’est presque mieux d’ailleurs.
Leurs enfants, quelquefois, ont de beaux yeux si tendres
Qu’on peut émerveiller avec n’importe quoi.
J’ai souvent regretté qu’ils ne soient pas à vendre,
J’en aurais acheté pour les mettre chez moi.
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Bernard DIMEY
Bernard Dimey, né Bernard Georges Lucide Dimey le 16 juillet 1931 à Nogent-en-Bassigny (aujourd’hui Nogent) (Haute-Marne) et mort le 1er juillet 1981 à Paris, est un poète, auteur de chansons et dialoguiste français. Il commence à faire de la radio, puis écrit dans la revue Esprit. Il s’intéresse à la peinture (il a... [Lire la suite]
Monstre mélomane
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Un centaure avec crainte approche
Pour entendre de près
La forte lyre qui décoche
De mélodiques traits.
Pour lui, ces notes qui l'attirent
N'ont rien de rebutant ;
Il ne sait pas que dans l'Empire
On en est mécontent.
Mais le centaure est trop timide :
Il s'éloigne, songeur,
Dansant au couchant, dont, limpide,
Se répand la rougeur.