Les Morts aveugles
Les Morts aveugles sont assis dans les tombeaux,
Ils ouvrent leurs yeux larges et stupides
Devant la lueur rouge des flambeaux,
Et leurs yeux béants sont des gouffres vides…
Dardant vers la nuit leurs regards stupides,
Les Morts aveugles sont assis dans les tombeaux.Je viendrai m’accroupir sur la pierre lépreuse
Où la fièvre suinte en âcres moiteurs.
Tel qu’un faux soupir de fausse amoureuse,
Le jour éteindra ses rayons menteurs.
Dans l’ombre exhalant ses lourdes moiteurs,
Je viendrai m’accroupir sur la pierre lépreuse.Mais je retrouverai mes regards d’autrefois,
Je te reverrai de mes yeux d’aveugle.
Comme un mâle en rut qui brame et qui beugle,
Je ferai crier tes os sous mon poids…
Et, tournant vers toi ma prunelle aveugle,
L’amour rallumera mes regards d’autrefois.Tu viendras t’accroupir sur la pierre lépreuse
Et geindre parmi les âcres moiteurs,
Et tes faux soupirs de fausse amoureuse
Ressusciteront nos baisers menteurs.
Dans l’ombre exhalant de lourdes moiteurs,
Nous nous accroupirons sur la pierre lépreuse.
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
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