Les meules de foin
Tout le sol tondu ras des solitudes plates
Dans un indéfini recul, toujours plus loin,
S’étale montueux de ses meules de foin
Où saigne le soleil croulé qui se dilate.Solennelle, pompeuse, avec la nuit qui poind,
D’un morne extasié, leur masse rouge éclate,
Puis, blêmissant, devient l’horizon spectre, et joint
La ligne des cieux blancs de sa cime écarlate.Stagnant dans l’air croupi, ces meules en sommeil,
Lentement, goutte à goutte, ont tari le soleil
De ses pourpres de sang dont la dernière est bue.Maintenant, la hideuse et moite obscurité
Comble, débosse, fond, brouille l’immensité
Qui bâille l’ombre informe où s’engloutit la vue.
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Maurice ROLLINAT
Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète français. Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très... [Lire la suite]
Porte vers nulle part
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Un vieux parchemin le relate :
D’ici, tu ne peux aller loin.
Ne reste donc pas dans ce coin,
Quitte ces solitudes plates.
Ici l’impermanence éclate,
L’irréel au vide se joint;
Évite ces lieux avec soin,
Disent les lettres écarlates.
Ici la vie est en sommeil,
La lune tient lieu de soleil ;
Le ciel est noir, la terre est nue.
Préserve ton humanité,
Garde-toi de la vanité ;
N’emprunte pas cette avenue.