Les ménagères
Au début de leur destin
c’était pourtant des filles bien.
Elles sont entrées en fonction
comme on entre en religion.
Les ménagères.Autour d’elles elles font briller
le parquet le bois le verre
et secouent leur derrière
en mouvemements bien cadencés.
Les ménagères.Mais dans le lit conjugal
elles sont catins c’est normal.
Leur programme est bien fourni
pour le jour et pour la nuit.
Les ménagères.Leurs proportions corporelles
s’avachissent avec les ans.
Et de leurs pauvres cervelles
on sourit depuis longtemps.
Les ménagères.De la carne qu’elles cuisinent
elles ont bientôt pris la mine.
De la poussière qui les ceint
elles ont déjà pris le teint.
Les ménagères.Rêvassant dans leurs torchons
elles voyagent à leur façon
et se disent qu’avec le temps
tout ira plus facilement.
Les ménagères.Les v’là au bout du rouleau.
Elles sont usées jusqu’aux os.
Point d’statue pour les héros.
Et pour leurs droits c’est zéro.
Les ménagères.Et c’est là leur Univers.
Mais il y a une récompense :
Grand cordon d’la Serpillière
et un coup d’pied où je pense.
Les ménagères.Au début de leur destin
c’était pourtant des filles bien…1976
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Esther GRANEK
Esther Granek est une poétesse belge de langue française. Auteur-compositeur de chansons, poèmes, ballades, textes d’humeur et d’humour, elle a publié plusieurs recueils. Née à Bruxelles le 7 avril 1927, elle est autodidacte du fait des lois antijuives durant l’Occupation. Elle habite en Israël depuis 1956. Elle a... [Lire la suite]
Rêve de comptoir (Pays de Poésie, 6-11-14)
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’ai rêvé qu’au comptoir je mangeais du potage
(La belle tavernière ayant choisi ce gage)
Et qu’afin que j’en fusse un peu plus tourmenté,
La vaurienne l’avait lourdement pimenté.
J’ai rêvé que j’étais un éphèbe élastique
Qui dansait sur le zinc un ballet fantastique ;
La tavernière alors m’inondait de parfum,
Chose que j’acceptai, mais sans plaisir aucun.
J’ai rêvé que, par jeu, la dame déchaînée
Emprisonnait mon corps d’une étreinte effrénée.
Je me disais : pour qui ces jeux incandescents ?
Ça conviendrait bien mieux à un adolescent.
J’ai rêvé qu’à l’auberge arrivait ma maîtresse
Qui se bornait à rire en voyant ma détresse,
Disant : je connaissais nombre de tes talents,
Mais certes pas celui de dresseur de juments !