Les Mangeurs d’herbe
C’est l’heure où l’âme famélique des repus
Agonise, parmi les festins corrompus.Et les Mangeurs d’herbe ont aiguisé leurs dents vertes
Sur les prés d’octobre aux corolles larges ouvertes,Les prés d’un ton de bois où se rouillent les clous…
Ils boivent la rosée avec de longs glouglous.L’été brun s’abandonne en des langueurs jalouses,
Et les Mangeurs d’herbe ont défleuri les pelouses.Ils mastiquent le trèfle à la saveur du miel
Et les bleuets des champs plus profonds que le ciel.Innocents, et pareils à la brebis naïve,
Ils ruminent, en des sifflements de salive.Indifférents au vol serré des hannetons,
Nul ne les vit jamais lever leurs yeux gloutons.Et, plus dominateur qu’un fracas de victoires,
S’élève grassement le bruit de leurs mâchoires.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire