Les Jardins
Les jardins de l’enfance aux roses oubliées
Ressuscitent parfois dans un vieux livre où dort
Les ailes repliées
D’un grand papillon mort !On songe avec tristesse aux aubes en allées
Où le papillon mort, grisé par les chaleurs,
Ouvrait dans les allées
Son éventail en fleurs.On songe qu’en ces jours de floraison première
La Jeunesse, elle aussi, posait par les chemins
Ses ailes de poussière
Sur les pâles jasminsEt soudain on revit le prime temps des roses,
Le temps où l’on goûtait, dans le jardin rouvert,
La nouveauté des choses
Et l’imprévu du vert.L’heureux temps d’enfantine et crédule démence
Où l’on croit, au printemps, quand les arbres sont blancs,
Que l’hiver recommence
Dans les rameaux tremblants ;Où la légende en fleur des semaines pascales
Cache dans les jardins des œufs mauves et bleus
Parmi les feuilles pâles
Et les gazons frileux,Des œufs d’or qu’on croirait jetés là par les anges
Qui les auraient soustraits aux nids frêles bâtis
Par des vols de mésanges
Aux toits du ParadisOh ! Les jardins emplis de soleil et d’enfance
Quand les cloches de Rome, un matin clair d’avril,
S’évadent du silence
Et rentrent de l’exil !
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Georges RODENBACH
Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]
« Résurrection », disait ce matin le soleil ;
La lune l'avait dit à nos âmes dormantes.
Et pour nous confirmer cette chose étonnante,
Tous les astres du ciel ont quitté leur sommeil.
Mercure a fulguré d'un éclat sans pareil,
Antarès a rougi de sa flamme géante ;
Vénus a chuchoté de sa voix innocente
Et Jupiter souri de son oeil de vermeil.
Tout dit « résurrection », la danse des comètes,
Celle d'un satellite autour d'une planète,
Et au profond des cieux, le trou noir qui mugit.
Le seul qui n'a rien dit est mon oncle Saturne,
Plus que les autres jours, je le sens taciturne ;
Il sait bien que nul bois de cendres ne surgit.
Les jardins de l’enfance aux roses oubliées
Ressuscitent parfois dans un vieux livre où dort
Les ailes repliées
D’un grand papillon mort !
Pour moi il y a un problème avec ce quatrain car : dort avec un sujet pluriel ce n'est pas possible. Ce devrait être :
où dort, / Les ailes repliées,/ Un papillon mort !
Je pense que c'est plutôt
Les ailes repliées,/ Un grand papillon mort ; en effet.
Voir
https://www.google.com/search?q=%22o%C3%B9+dort%22+%22ailes+repli%C3%A9es%22+%22grand+papillon%22
qui renvoie tantôt « d'un »
et tantôt « un ».