Poème 'Les Gueux' de Émile VERHAEREN dans 'Les Flamandes'

Les Gueux

Émile VERHAEREN
Recueil : "Les Flamandes"

La misère séchant ses loques sur leur dos,
Aux jours d’automne, un tas de gueux, sortis des bouges,
Rôdaient dans les brouillards et les prés au repos,
Que barraient sur fond gris des rangs de hêtres rouges.

Dans les plaines, où plus ne s’entendait un chant,
Où les neiges allaient verser leurs avalanches,
Seules encor, dans l’ombre et le deuil s’épanchant,
Quatre ailes de moulin tournaient grandes et blanches.

Les gueux vaguaient, les pieds calleux, le sac au dos,
Fouillant fossés, fouillant fumiers, fouillant enclos,
Dévalant vers la ferme et réclamant pâture.

Puis reprenaient en chiens pouilleux, à l’aventure,
Leur course interminable à travers champs et bois,
Avec des jurements et des signes de croix.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Ponce Pilate
    ----------------

    Au fils du charpentier, puis-je tourner le dos ?
    Je voulais oublier cet homme un peu trop brave ;
    Il ne daigne pourtant me laisser en repos,
    Pauvres mains, c'est en vain que toujours je vous lave.

    Dans mes rêves, j'entends que résonnent ses mots
    Qui dévalent en moi comme une rouge lave.
    Seul dans l'ombre et le deuil, j'ai toujours le coeur gros ;
    La chambre se remplit de démons sans entaves.

    Je mettrai sac au dos, j'irai par les chemins,
    J'aurai pour me nourrir les rebuts des humains,
    Les déchets qu'ils voudront m'accorder en pâture.

    Dans l'Empire Romain, marchant à l'aventure,
    Je serai menacé de finir sur le bois ;
    Mais toute vie sur terre est un chemin de croix.

  2. Retouche :

    La chambre se remplit de démons sans entraves.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS