Les goinfres
Coucher trois dans un drap, sans feu ni sans chandelle,
Au profond de l’hiver, dans la salle aux fagots,
Où les chats, ruminant le langage des Goths,
Nous éclairent sans cesse en roulant la prunelle ;Hausser notre chevet avec une escabelle,
Etre deux ans à jeun comme les escargots,
Rêver en grimaçant ainsi que les magots
Qui, bâillant au soleil, se grattent sous l’aisselle ;Mettre au lieu de bonnet la coiffe d’un chapeau,
Prendre pour se couvrir la frise d’un manteau
Dont le dessus servit à nous doubler la panse ;Puis souffrir cent brocards, d’un vieux hôte irrité,
Qui peut fournir à peine à la moindre dépense,
C’est ce qu’engendre enfin la prodigalité.
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Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT
Marc-Antoine Girard, sieur de Saint-Amant, né à Grand-Quevilly le 30 septembre 1594 et mort à Paris le 29 décembre 1661, est un poète libertin français. Fils d’un officier de marine, issu d’une famille de marchands protestants, Saint Amant, qui commanda pendant vingt-deux ans une escadre anglaise, n’apprit pas les langues... [Lire la suite]
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Trinité de sable
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La trinité de sable est comme une chandelle,
Ou comme le Surmoi, plus le Ça, plus l’Ego,
Trois actants en un seul, mais peut-être inégaux,
C’est pas simple à capter pour une âme mortelle.
Par la mèche et la cire est une flamme belle;
Pied, cornes et coquille animent l’escargot.
Par Sartre et par Beauvoir vivent les Deux Magots,
Le charpentier n’est rien, sans un Esprit rebelle.
Or, de ces trois seigneurs, aucun n’a de chapeau ;
Aucun n’a de blason, ni, non plus, de drapeau,
Aucun ne passe une heure à se rempllr la panse.
Mais j’ai bâti un temple à cette trinité,
C’est le présent sonnet, par ma plume imité
D’un bon auteur auquel, avec respect, je pense.
Trinité périssable
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Cette triple entité ne fait point parler d’elle,
Ni par les fils d’Adam, ni par les papegaults ;
N’ayant pu recruter nul prêtre et nul bigot,
Elle vit, sans broncher, sa condition mortelle.
Déserte est la forêt, mais la lumière est belle,
Sous les feuilles tombées dort un bel escargot ;
Il parle, dans son rêve, à la Brave Margot
Qui se promène avec la vache Mirabelle.
Viendra se recueillir, sur la tombe, un crapaud,
Un être romantique et fan de l’Oulipo ;
De prier, cependant, l’animal se dispense.
Ne crains pas le trépas, précaire trinité,
Souviens-toi des bienfaits dont tu as profité ;
Quitter la vie n’est pas si dur qu’on ne le pense.
Sur la vache Mirabelle :
https://heraldiqueblog.wordpress.com/category/mirabelle-le-recueil/