Les Femmes tristes
Les fronts blancs, les fronts doux, les fronts mélancoliques
Des femmes dont les yeux étoilent la pâleur
Font tant sympathiser mon âme avec la leur,
Que j’y mettrais ma lèvre ainsi qu’à des reliques.Je voudrais dans mon être amasser la chaleur
Et les parfums d’encens des vieilles basiliques
Pour faire refleurir l’amour des bucoliques
Et faire évaporer en elles la douleur.Oh ! les femmes qui sont tristes ! Je les préfère
Et mon cœur se dilate à la tiède atmosphère
Des pleurs discrets auxquels je trouve un charme amer ;Car mon amour ressemble aux lueurs qui s’étirent
Dans la phosphorescence étrange de la mer :
Mon amour est un feu que les larmes attirent.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Georges RODENBACH
Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]
Village sans prétention
-------------------------
J'aime les vieux trottoirs, les rues mélancoliques,
Les murs dont la grisaille accentue la pâleur,
Le chemin de halage à présent sans haleurs,
Le musée où s'entasse un monceau de reliques.
J'aime, lorsque l'été m'accable de chaleur,
Aller me rafraîchir dans notre basilique ;
J'aime aussi découvrir des recoins bucoliques
Où l'on entend grogner des retraités râleurs.
Lecteur, c'est mon village ; à tous je le préfère
Car il a conservé sa charmante atmosphère,
Qui jamais ne fait voir rien de dur, ni d'amer.
D'autres préféreront les hameaux qui s'étirent
Au long d'une vallée ou d'une vaste mer ;
Mais moi, c'est ce morceau de plaine qui m'attire.