Les esclaves d’Amour ont tant versé de pleurs
Les esclaves d’Amour ont tant versé de pleurs !
S’il a quelques plaisirs, il a tant de douleurs !
Qu’il garde ses plaisirs. Dans un vallon tranquille
Les Muses contre lui nous offrent un asile ;
Les Muses, seul objet de mes jeunes désirs,
Mes uniques amours, mes uniques plaisirs.
L’Amour n’ose troubler la paix de ce rivage.
Leurs modestes regards ont, loin de leur bocage,
Fait fuir ce dieu cruel, leur légitime effroi.
Chastes Muses, veillez, veillez toujours sur moi.Mais, non, le dieu d’amour n’est point l’effroi des Muses ;
Elles cherchent ses pas, elles aiment ses ruses.
Le coeur qui n’aime rien a beau les implorer,
Leur troupe qui s’enfuit ne veut pas l’inspirer.
Qu’un amant les invoque, et sa voix les attire ;
C’est ainsi que toujours elles montent ma lyre.
Si je chante les dieux ou les héros, soudain
Ma langue balbutie et se travaille en vain ;
Si je chante l’Amour, ma chanson d’elle-même
S’écoule de ma bouche et vole à ce que j’aime.
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André CHÉNIER
André Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français. Il était le fils de Louis de Chénier. Né à Galata (Constantinople) d’une mère grecque (Elisabeth Lomaca) et d’un père français, Chénier passe quelques années à... [Lire la suite]
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Ambibouffons
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Si la princesse souffre, ils sécheront ses pleurs ;
Le roi rhumatisant en oublie sa douleur !
Ces bouffons, en privé, sont des pères tranquilles
Partageant la douceur d'un confortable asile.
De rire, en leur refuge, ils n'ont point le désir,
Et pur unique amour, pour unique plaisir,
Le décor apaisant d'un paisible rivage
En terre verdoyante, au-delà du bocage.
Loin de le cour royale, ils vivent sans effroi,
Laissant venir les jours, laissant partir les mois.
Quel est donc le secret de leur étrange Muse ?
Elle ne le dit pas, c'est l'une de ses ruses.