Les Deux Mulets
Deux Mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé,
L’autre portant l’argent de la Gabelle.
Celui-ci, glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d’un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette :
Quand l’ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l’argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et l’arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups : il gémit, il soupire.
« Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire,
Et moi j’y tombe, et je péris.
- Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi :
Si tu n’avais servi qu’un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade. «
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Jean de LA FONTAINE
Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, est un poète français de la période classique dont l’histoire littéraire retient essentiellement « les Fables » et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets... [Lire la suite]
- Le Vieillard et ses Enfants
- Les Membres et l'Estomac
- L'Aigle, la Laie, et la Chatte
- Le Chien qui porte à son cou le dîné de...
- Les Frelons et les Mouches à miel
- Le Mal Marié
- L'Ane chargé d'éponges, et l'Ane chargé...
- Le Rat qui s'est retiré du monde
- Le Lion et le Moucheron
- La Génisse, la Chèvre, et la Brebis, en...
Admirons ce mulet si content de son sort :
Quel que soit le malheur où le destin nous plonge,
On trouve de ces gens qui raisonnent, qui songent,
Qui prouvent à chacun qu'ils sont des esprits forts.