Poème 'Les colombes' de Albert SAMAIN dans 'Au jardin de l'infante'

Les colombes

Albert SAMAIN
Recueil : "Au jardin de l'infante"

Partout la mer unique étreint l’horizon nu,
L’horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
Au pied du mât penchant l’Espérance grelotte,
Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.

Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
L’Ame assise à la barre, immobile pilote,
Regarde éperdument dans l’ombre qui sanglote
Ses colombes s’enfuir vers le port inconnu.

Elles s’en vont là-bas, éparpillant leurs plumes
A travers le vent fou qui les cingle d’écumes,
Ivres du vol sublime enfermé dans leurs flancs ;

Et, chaque lendemain, au jour blême et cynique,
L’arche voit surnager leurs doux cadavres blancs,
Les deux ailes en croix sur la mer ironique.

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Commentaires

  1. Sagesse des colombes
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    La colombe d'argent consulte l'azur nu :
    Elle y croit discerner la menace qui flotte ;
    Déjà sévit le froid, sous lequel on grelotte :
    Faudra-t-il donc voler vers des lieux inconnus ?

    Le lion d'or de l'Afrique est, ce matin, venu ;
    Il voyagea de nuit, aux cris de la hulotte,
    Que d'ailleurs il comprend, car il est polyglotte.
    Avec Dame Colombe il s'est entretenu.

    L'oiseau disait, songeur, en se lissant les plumes ;
    -- Cet horizon paisible a des reflets d'écume,
    Or, j'y vois un présage, et le crois inquiétant.

    Le roi des animaux, de sa voix qui rassure,
    A calmé le tourment de la colombe pure :
    -- Ce n'est rien ; c'est, dit-il, l'annonce du printemps.

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