Les Cloches de la Basilique
J’écoutais dans la paix du soir,
Sous la pâleur du ciel mystique,
Les sons pieux que laissent choir
Les cloches de la basilique.Et j’évoquais au loin leur voix,
A la fois grave et triomphale,
Quand elles sonnaient autrefois
Les angélus de cathédrale,Au temps heureux, trois fois béni,
Où, dès l’aube, souvent ma mère
Me retrouvait au pied du lit,
Agenouillé sous leur prière.Combien leur appel familier
Charmait alors mon âme éprise,
Lorsque j’allais, jeune écolier,
M’asseoir à l’ombre de l’église,Et que, captif de leur doux son,
J’attendais que leur voix se taise,
Pour suivre au loin, à l’horizon,
L’écho de leur chanson française !C’est qu’en ce temps déjà lointain,
Cloches témoins de tant de choses,
Vous me parliez, soir et matin,
D’un long passé d’apothéoses,Et du regret que vous aviez
D’un temps de gloire et de conquêtes,
Quand, de par le Roy, vous sonniez
Vos carillons des jours de fêtes,Et que gaiement, sur le rocher,
Au printemps des jours d’espérance,
Vous annonciez, du vieux clocher,
Le retour des vaisseaux de France.
Poème préféré des membres
guillaumePrevel a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Eudore ÉVANTUREL
Eudore Évanturel (Québec, 22 septembre 1852 – Boston, 16 mai 1919) est un poète québécois. Encouragé par le romancier Joseph Marmette, son ami, il fit paraître en 1878 un volume de « Premières poésies ». Ce recueil, inspiré de Musset mais avec des accents verlainiens, scandalisa le milieu littéraire... [Lire la suite]
Je chante dans la paix du soir.
Ma chanson n’a rien de mystique,
Je regarde s’il va pleuvoir
Sur les toits de la basilique.
Il me semble entendre la voix
À la fois grave et triomphale,
Des grands archanges d’autrefois,
Chassant la froidure hivernale.
Et dans mon fief de Saint-Denis
Montent les rumeurs familières.
Il faut que je fasse mon lit,
Faut que je règle la chaudière.
J’aime ce monde familier
Toute mon âme en est éprise,
Je parle aux voisins de palier
Dans la lumière déjà grise.
Puis nous partageons des boissons.
Le soleil rouge comme braise
S’enfonce au fond de l’horizon.
Les rumeurs du quartier se taisent.
Le regard des astres lointains
Eclaire les gens et les choses.
Il fera jour demain matin,
Quand surgira un soleil rose.
Tous les soucis que vous aviez
Vous laisseront la paix complète :
Suffit pour ça que vous dormiez
Dans la sérénité parfaite.
Allez prendre du rêve chez
La tendre muse de Saturne :
De vous ne sauront s’approcher
Les sombres tristesses nocturnes.