L’enfance n’est sinon qu’une sterile fleur…
L’Enfance n’est sinon qu’une sterile fleur,
La jeunesse qu’ardeur d’une fumiere vaine,
Virilité qu’ennuy, que labeur, et que peine,
Vieillesse que chagrin, repentance, et douleur ;Nos jeux que déplaisirs, nos bon-heurs que mal-heur,
Nos thrésors et nos biens que tourment et que geine,
Nos libertez que laqs, que prisons, et que chaine
Notre aise, que mal-aise et nostre ris que pleur :Passer d’un àge à l’autre est s’en aller au change
D’un bien plus petit mal en un mal plus estrange
Qui nous pousse en un lieu d’où personne ne sort.Nostre vie est semblable à la mer vagabonde,
Où le flot suit le flot, et l’onde pousse l’onde,
Surgissant à la fin au havre de la mort.
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Jean-Baptiste CHASSIGNET
Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635) est un poète baroque français. Né à Clairac en Agenais, alors terre d’Empire, Jean-Baptiste CHASSIGNET est le fils d’un médecin. Il reçoit une formation humaniste, étudie le droit à l’université de Dole où il obtient son doctorat, ce qui le mène à une carrière d’avocat... [Lire la suite]
- J'ay voulu voyager, à la fin le voyage...
- Mortel pense quel est dessous la...
- Est-il rien de plus vain qu'un songe...
- Qu'est-ce de vostre vie ? une bouteille...
- À beaucoup de danger est sujette la fleur...
- Notre vie est semblable à la lampe...
- Comte les ans, les mois, les heures et les...
- Assies toy sur le bort d'une ondante...
- L'enfance n'est sinon qu'une sterile fleur...
- Cest Océan battu de tempeste et d'orage...
- Nous faisons de ce fresle, et variable...
- S'il veut contre-peser ses heurs, et ses...
- Chacun le mieus qu'il peut souffre en...
- Las ! pourquoy nous fais tu, ô monde...
- Heureus le serviteur officieus et dextre...
- Quant bien un homme droit condamné par la...
- Tantost la crampe aus piés, tantost la...
- Arrivant au logis pour un petit quart...
- Sçais tu que cest de vivre ?...
- C'est l'indiscretion, ou bien l'impatience...
- Qu'est-ce de vostre vie ? une bouteille... (8)
- Est-il rien de plus vain qu'un songe... (8)
- Nous n'entrons point d'un pas plus avant en... (6)
- Il ny à si grossier qui ne connoisse bien... (4)
- Assies toy sur le bort d'une ondante... (4)
- L'enfance n'est sinon qu'une sterile fleur... (4)
- Les poissons escaillez aiment les moites... (4)
- Quand le fruit est cueilli la feuille... (4)
- Comme petits enfants d'une larve... (3)
- Comte les ans, les mois, les heures et les... (3)
Le temps de notre enfance
Est fait d'insignifiance ;
La jeunesse, un éclat
Qui bientôt tombe à plat.
Au temps des années mûres,
Que de maux on endure !
Et quand on devient vieux,
Certes ce n'est pas mieux.
Écureuil-girafe de sinople
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Il se nourrit de fruits, mais préfère les fleurs ;
Il ne perd point son temps dans des disputes vaines,
Il vaque sans ennui, sans labeur et sans peine,
Acceptant quelquefois de légères douleurs ;
Le jeu, le déplaisir, le bonheur, le malheur,
Jamais rien de cela pour de bon ne le gêne,
Il vit dans la forêt, ne portant pas de chaînes,
Et ne se livre pas au rire ni aux pleurs.
Aux alentours de lui, tout change et rien ne change,
Ce n’est pas lui qui va trouver la chose étrange,
Ne posant pas souvent de questions sur son sort.
Or, sa vie est semblable à la mer vagabonde
Où le flot sert le flot et l’onde approuve l’onde,
Où l’on a tout loisir de songer à la mort.
Fantôme d’un écureuil
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Un écureuil jadis dansait parmi les fleurs ;
De le revoir ici ton espérance est vaine,
Il a quitté ce lieu de plaisir et de peine,
De veille et de sommeil, d’amour et de douleur.
Or, tu peux, toi aussi, échapper au malheur,
À tout ce qui t’abîme, à tout ce qui te gêne ;
Les morts dans leurs cercueils ne portent pas de chaînes
Et de leurs descendants n’entendent pas les pleurs.
Si tu crois qu’un défunt en un spectre se change,
Je ne te suivrai point : ce phénomène étrange,
Quel que soit son statut, n’est pas de mon ressort.
Le fantôme, pourtant, cette ombre vagabonde,
Se plaît à visiter les jardins de ce monde,
Qui, dans sa distraction, ne sait pas qu’il est mort.
Dans le courant d’une onde pure
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Cette onde printanière a comme un goût de fleurs
Et de bois parfumé que la rivière entraîne ;
Ici vit un poisson, qui la parcourt sans peine,
Admirant les galets aux diverses couleurs.
Dans ce coin d’univers, on échappe au malheur,
Peuplé de frais ondins et de poissons sans gêne ;
Les habitants des flots ne portent pas de chaînes,
Je les ai vus souvent, sans entendre leurs pleurs.
Par magie, une ondine en corneille se change,
Ce que personne ici, jamais, ne trouve étrange,
Cette corneille plonge et vivement ressort.
J’aime voir défiler cette onde vagabonde,
Elle fut placée là pour embellir ce monde ;
Tout y est délicat, même les poissons morts.