L’École du soir
Aurore, à nul des cœurs qui saignent,
Ne vas recommander l’école
Où buissonnière on nous enseigne
La douleur plutôt que les jeux.Un jour, en mousse se déguise
L’espiègle Vénus, et son col
Marin fait le ciel orageux ;
Demain en maîtresse d’école,Mais marine, non buissonnière.
Ses leçons sont plus à ma guise,
Ignorante, elle qui serait
De ses élèves la dernière !Vénus charmant les tableaux noirs :
Figure tracée à la craie,
Enfin Vénus s’effacerait,
Ligne à ligne, de nos mémoires.
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Raymond RADIGUET
Raymond Radiguet est un écrivain français, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris.
Ainé de sept enfants, il est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941). Sa mère est Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l’école communale, il passe l’examen des bourses et entre au... [Lire la suite]
Apprenants
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Merci à Radiguet qui daigne
Leçon nous faire sur l'école,
Sur les sujets qu'on y enseigne
Et comment on y batifole.
La plus dure, école marine,
Est cependant la plus joyeuse ;
Car la maîtresse est une ondine
Dont la chevelure est soyeuse.
Prendre des leçons d'Aphrodite
Est le moyen de bien apprendre ;
On en accepte les redites
Sans être sûr de tout comprendre.
Dans le miroir de pierre noire,
L'élève inspecte sa tenue
Pour ne faire honte à la mémoire
De la belle enseignante nue.
Ambicoq de sinople
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Au poulailler du comte, il est maître d’école ;
Il instruit dans la Loi les poussins innocents,
Il leur apprend aussi à compter jusqu’à cent
Et à ne point nourrir une espérance folle.
Il leur dit le danger de l’épervier qui vole,
Aussi, que le goupil est un danger constant,
Que l’hirondelle au ciel ne fait pas le printemps,
Que sans doute leur vie est un songe frivole.
Leur père les instruit, le comte les nourrit,
Dès le lever du jour, leur mère leur sourit,
Tel est l’heureux destin de la troupe emplumée.
Ils posent des questions quand ils ont mal compris,
Car d’un noble savoir les poussins sont épris :
Leur coeur est en ce monde une lampe allumée.
L'insolente
Dans un lycée privé, contre le protocole,
Deux élèves s’adonnent à un jeu innocent ;
Le directeur surprend Barbara et Vincent,
S’échangeant un baiser avec une ardeur folle.
Aussitôt il les stoppe et les punitions volent :
Des copies de la règle, ils en feront deux-cent,
Ils ne partirons pas en voyage à Ouessant
Avec leurs collègues car ils seront en colle.
Devant ce châtiment, qui lui semble pourri,
La lycéenne, pourtant, à l’aumônier sourit ;
À la provocation elle est accoutumée.
Le curé excédé crie que par Jésus Christ,
Elle paiera très cher ce geste de mépris,
Mais elle sait qu’au ciel il n’y pas d’armée.