L’éclair
Le travail humain ! c’est l’explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps.
« Rien n’est vanité ; à la science, et en avant ! » crie l’Ecclésiaste moderne, c’est-à-dire Tout le monde. Et pourtant les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le cœur des autres… Ah ! vite, vite un peu ; là-bas, par delà la nuit, ces récompenses futures, éternelles… les échappons-nous ?…
— Qu’y puis-je ? Je connais le travail ; et la science est trop lente. Que la prière galope et que la lumière gronde je le vois bien. C’est trop simple, et il fait trop chaud ; on se passera de moi. J’ai mon devoir, j’en serai fier à la façon de plusieurs, en le mettant de côté.
Ma vie est usée. Allons ! feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, — prêtre ! Sur mon lit d’hôpital, l’odeur de l’encens m’est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr… Je reconnais là ma sale éducation d’enfance. Puis quoi !… Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans…
Non ! non ! à présent je me révolte contre la mort ! Le travail paraît trop léger à mon orgueil : ma trahison au monde serait un supplice trop court. Au dernier moment, j’attaquerais à droite, à gauche…
Alors, — oh ! — chère pauvre âme, l’éternité serait-elle pas perdue pour nous !
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Arthur RIMBAUD
Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]
Ici c'est un enfer pour les épouvantails.
Ici l'on fait signer des contrats
aux grandes licornes
et on force les plus instruites
à fabriquer un camembert par jour.
Ici pourrissent des lots de chaussettes.
Ici on ne laisse cliqueter
que les machines
à fabriquer des interdits alimentaires.
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/ima-enfer.html
Ne sens-tu pas une odeur épouvantable?
C'est celle d'une gargote
où ton esprit se dissoudra
dans sa rouge moisissure.
La vapeur des esprits solubles
ne fait-elle pas fumer cette page?
Ne vois-tu pas que tu es,
toi-même, un cochon mou et malpropre?
Et je n'ai pas dit "un cochon-fucius".
N'entends-tu pas les pluvians
qui chantent une publicité
pour leur dentifrice?
Le rhinocéros n'est pas seul
à écouter cette rengaine!
Et c'est avec ces chansons
qu'ils font des albums!
Ils se provoquent
et ne savent pas à quoi ils jouent.
Ils mangent des libellulles
et ne savent pas quelle en est la saveur.
Ils font tinter leur sabre
et miroiter leur casque.
Ils sont froids
et ils cherchent la chaleur
dans les intestins des crocodiles.
Ils sont réchauffés
et cherchent la fraîcheur
dans la froide ombre
de la corne de la licorne.
Ils se prennent tous un chaud et froid
et laissent tomber le travail
comme un seul homme.
Il y a beaucoup de neige,
et beaucoup de cérémonies
devant le gardien des enfers tièdes.
La lune a sa couleur
et la couleur a ses nuances,
mais les pluvians sont des daltoniens.
Mais la lune tourne
autour d'un petit cochon tordu,
c'est ainsi que les pluvians
tournent autour
de ce qu'il y a de plus inutilisable,
mais ce qu'il y a de plus inutilisable,
c'est la corne de la licorne.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/12/22/un-enfer-tiede/
On dirait la parole d’un fou, ou d’un grand philosophe.