Le vintieme d’Avril couché sur l’herbelette
Le vintieme d’Avril couché sur l’herbelette,
Je vy, ce me sembloit, en dormant un chevreuil,
Qui ça, puis là, marchoit où le menoit son vueil,
Foulant les belles fleurs de mainte gambelette.Une corne et une autre encore nouvellette
Enfloit son petit front, petit, mais plein d’orgueil
Comme un Soleil luisoit par les prets son bel oeil,
Et un carcan pendoit sus sa gorge douillette.Si tost que je le vy, je voulu courre après,
Et lui qui m’avisa print sa course es forés,
Où se moquant de moi, ne me voulut attendre.Mais en suivant son trac, je ne m’avisay pas
D’un piege entre les fleurs, qui me lia mes pas,
Et voulant prendre autry moimesme me fis prendre.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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L’Âne et le Prince
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Le prince au chef de sable avance à l’aveuglette ;
De la vieille tour d’or, il veut franchir le seuil,
Surpris de ne pas voir de comité d’accueil,
Ni l’aigle, ni le loup, pas même une belette.
Le bel âne volant, dont l’allure est simplette,
S’approche de la tour, plus vif qu’un écureuil ;
Il va jusqu’au sommet, sans installer de treuil,
Sans avoir avec lui corde ni cordelette.
De la tour, quel est donc le singulier attrait
Par lequel ces deux-là sont venus des forêts ?
Serait-ce un grand trésor, qu’ils espéreraient prendre ?
Un ermite avisé a-t-il guidé leurs pas
Vers ce magique lieu ? Non, je ne le crois pas ;
Tout au plus ont-ils su que la tour est à vendre.
Ange aptère et bicéphale
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Mon double chef contient deux cervelles simplettes,
D’aucune librairie, je ne franchis le seuil ;
Mais aux livres offerts j’aime bien faire accueil,
J’en reçus l’autre jour une pleine mallette.
J’aime lire à propos de choses obsolètes,
Comme en ce fabliau traitant d’un écureuil ;
Un texte en vieux français, ce n’est pas un écueil,
Mon regard sur les mots allègrement volette.
La page désuète a pour moi tant d’attraits
Que comme en un caveau tout mon corps s’y retrait ;
Or cela, selon moi, n’a rien pour vous surprendre.
Je m’arrête quand même à l’heure des repas,
Mais ce dernier plaisir, je n’en abuse pas,
Tu ne me verras guère au restaurant me rendre.