Le vampire
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon coeur plaintif es entrée ;
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine ;
- Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l’ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,
- Maudite, maudite sois-tu !J’ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j’ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.Hélas ! le poison et le glaive
M’ont pris en dédain et m’ont dit :
» Tu n’es pas digne qu’on t’enlève
A ton esclavage maudit,Imbécile ! – de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire ! «
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Ce sont les nièces des vampires
Qui voulaient étudier Shakespeare
A la lumière d'un lampyre
Dans un coin perdu de l'empire.
*
Au bout d'une heure, elles soupirent :
Comme étude on ne fait point pire ;
Aux exploits sportifs on aspire,
Aux gestes qui font qu'on respire.
*
Ces nièces que le sport inspire
Vont sur le terrain, et transpirent,
Puis contre l'arbitre conspirent ;
*
Nièces qui lecture rompirent
Puis aux vestiaires se tapirent ;
Enfin, qui sait pourquoi, glapirent.
Spectre maudit
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Ici plane un fantôme aux ailes de vampire,
Sa vie ne fut que ruses et viles trahisons ;
Il hante maintenant une vieille maison,
Ce n’est pas reluisant, ça pourrait être pire.
Ses frères sont partis vers l’Infernal Empire,
Préférant être là que dans une prison ;
Ils souffrirent d’un mal sans nulle guérison,
Dont le jeune et le vieux l’un comme l’autre expirent
Notre héros revoit ceux qu’il a tourmentés,
Tous ceux du sang desquels il s’est alimenté ;
Sous l’effet de la mort s’apaisent leurs blessures.
Par ceux-là son visage est reconnu parfois,
Même s’il est souillé de quelques salissures,
Ils lui parlent alors ; lui-même reste coi.