Le Vaisseau Spectre
Tous les marins vous raconteront la légende du vaisseau-spectre, de ce vaisseau de brouillard, monté par des fantômes, qui apparaît à l’improviste sur les flots, comme aux limites de l’horizon le nuage cuivré où couve la tempête. La tempête éclate ! toutes vos voiles se serrent, mais lui ne cargue pas les siennes ; il semble que l’orage soit son élément. Vous voulez fuir ! Vous fuyez sans l’éviter. Quelque manœuvre que vous fassiez, le fatal navire est toujours là. Vous le voyez au nord ! Vous vous tournez vers le sud, et il vous fait face comme auparavant. À l’est, à l’ouest, il est toujours devant vous ; sa sinistre immobilité suit tous vos mouvements ; cette ombre ne vous quitte pas plus que la vôtre, et gouverne à la fois la mer et l’ouragan. De quel nom faut-il nommer ce vaisseau, qui ressemble au mal heur, et qui, présent partout, semble, impalpable qu’il est, tenir à lui seul tout l’océan ?
5 septembre
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Jules LEFÈVRE-DEUMIER
Jules Lefèvre-Deumier, né le 14 juin 1797 à Paris où il est mort le 11 décembre 1857, est un écrivain et poète français. Son vrai nom était Lefèvre, auquel il ajouta Deumier en hommage à une tante qui lui avait légué sa fortune, assez considérable. Profondément romantique, ses modèles étaient André Chénier et Byron.... [Lire la suite]
Les sept navires
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C’est une nef de sable avançant au hasard,
Conduite, étrangement, par quatre vieux lézards.
C’est une nef d’argent qui traverse un orage ;
Les morts de l’an passé forment son équipage.
Une autre la poursuit, c’est une nef d’azur
Toutes voiles au vent, qui claquent dans l’air pur.
Ceux de la nef en or boivent plus qu’en auberge,
Sauf un prêtre qui tient de sa main gauche un cierge.
De gueules court la nef à chasser le narval,
Sinistres sont les cris de ce gros animal.
Vers la nef de sinople, où se tient une ondine,
Vogue la nef du troll, à la voile d’hermine.
Fantôme d’un pont
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Auprès du quai de Paludate,
Tu peux voir un vestige flou ;
Un pont ici se tint debout,
Je ne sais jusqu’à quelle date.
Oeuvre d’un architecte fou,
Il menait au quai Sainte-Agathe ;
Il a vu passer cent frégates,
Dont une en route vers Corfou.
Il surgit par petites touches
À l’heure où le soleil se couche ;
J’entends un passant fredonner.
Devant le ciel couleur de flamme
Tremble ce spectre abandonné ;
Vieux ponts, avez-vous donc une âme ?