Le tombeau d’Edgar Poe
Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu,
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s’orneCalme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
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Stéphane MALLARME
Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français. Auteur d’une œuvre poétique ambitieuse et difficile, Stéphane Mallarmé a été l’initiateur, dans la seconde moitié du XIXe siècle,... [Lire la suite]
Aux abords du tombeau, en rimeur je me change ;
Grâce à quelques sonnets, mon coeur se montre nu
Devant mes compagnons, devant des inconnus,
Devant tout un chacun, quelle démarche étrange !
*
Le but n’est certes point de devenir un ange,
Ni d’affranchir d’un sens les gens de la tribu,
Ni d’avertir du sort de ceux qui ont trop bu
(Ou qui ont un problème en termes de mélange) ;
*
Pas question, d’autre part, d’exhiber des griefs
Ni de mettre en ces vers une idée en relief ;
Gratuitement la Toile avec tous ces mots s’orne
*
Sans lesquels nous irions vers le côté obscur,
Et leur voix en ces lieux à résonner se borne
Un peu dans l’autrefois, un peu dans le futur.
Ange naturiste
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Il ne se couvre point lorsque la saison change,
Tout au long de l’année, l’ange se montre nu
Devant quelques démons, devant des inconnus,
Devant tous les miroirs, quelle démarche étrange !
Le naturisme est-il admissible chez l’ange,
Ne contredit-il pas la loi de sa tribu,
Faut-il être indulgent si cet ange a trop bu
(Ou qu’avec Dieu sait quoi son âme se mélange) ;
Mais ce n’est pas à moi d’aligner des griefs ;
L’ange, qu’il soit au ciel ou dans un bas-relief,
Ce n’est qu’une illusion dont notre vision s’orne,
Comme le sont aussi les démons très obscurs,
Et cette vaine image à m’abuser se borne,
Mythe dans l’autrefois, néant dans le futur.