Le Temps de vivre
Déjà la vie ardente incline vers le soir,
Respire ta jeunesse,
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
De l’aube au jour qui baisse,Garde ton âme ouverte aux parfums d’alentour,
Aux mouvements de l’onde,
Aime l’effort, l’espoir, l’orgueil, aime l’amour,
C’est la chose profonde;Combien s’en sont allés de tous les cœurs vivants
Au séjour solitaire
Sans avoir bu le miel ni respiré le vent
Des matins de la terre,Combien s’en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces,
Et qui n’ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s’enfonce.Ils n’ont pas répandu les essences et l’or
Dont leurs mains étaient pleines,
Les voici maintenant dans cette ombre où l’on dort
Sans rêve et sans haleine ;— Toi, vis, sois innombrable à force de désirs
De frissons et d’extase,
Penche sur les chemins où l’homme doit servir
Ton âme comme un vase,Mêlé aux jeux des jours, presse contre ton sein
La vie âpre et farouche ;
Que la joie et l’amour chantent comme un essaim
D’abeilles sur ta bouche.Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
À la nuit éternelle.
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Anna de NOAILLES
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et romancière française, d’origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte à Paris le 30 avril 1933. Née à Paris, descendante des familles de boyards Bibescu et Craioveşti de Roumanie, elle est la fille du... [Lire la suite]
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Que c est beau ,
Que c est fort ,
Sur mon bureau
C est de l or !
Dans ma tête encor,
Tourné et retourné ,
Sans peine , sans effort ,
Je ne vois que beauté !
Cinquante-troisième carte
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Le fou nommé Joker rit du matin au soir,
Lui qui n'est pourtant pas de première jeunesse;
Mais il avale aussi le bon vin du pressoir,
De l'aube lumineuse au sombre jour qui baisse.
Il tient son âme ouverte aux parfums d’alentour,
Puis il sait deviner les mouvements de l’onde,
Il ne perd pas son temps à rechercher l'amour,
C’est un farceur atteint de sagesse profonde.
Un jour, on descendra son petit coeur vivant
Au funèbre caveau, trépassé, solitaire,
Comme une feuille morte, emportée par le vent,
Que l'arbre généreux vient offrir à la terre.