Poème 'Le Souvenir' de Robert DESNOS dans 'Contrée'

Le Souvenir

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

M’étant par bonheur attardé,
En flânant dans les avenues,
À votre fenêtre accoudée
Je vous ai bien surprise nue,
Mais mon cœur était accordé.

Mais mon cœur était accordé
À des voix de très loin venues.
Le noir de l’ombre avait fardé
Les grands yeux blancs de la statue
Du carrefour où j’ai rodé.

Venant d’Arcueil ou de Passy
Un vent frais soufflait dans la rue :
Je suis passé, c’était ici
Et je vous ai surprise nue
Tachant de blanc la molle nuit.

Feuille morte des temps passés,
Fantôme une nuit apparue,
Beaux drapeaux au matin hissés,
Qu’êtes-vous belle devenue,
Dans Paris la ville pressée ?

Pressée de vivre et de flamber,
Impassible et bien vite émue,
De tant de nuits vite tombées,
Telle celle où vous étiez nue
À votre fenêtre accoudée.

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Commentaires

  1. Arbre de mémoire
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    Moi, je retiens les noms des choses,
    Ceux qui sont longs, ceux qui sont courts ;
    Je retiens même des discours
    Et quelques passages de prose.

    J’ai noté ce qu’ont dit les roses
    Qui se fanèrent tour à tour ;
    Je me souviens de leurs atours
    Au jour qu’elles furent écloses.

    Je me tais. Le silence est d’or ;
    Ce mutisme n’est pas stupide,
    C’est la sagesse d’un coeur vide.

    Je me souviens de plusieurs morts,
    Peut-être même d’un suicide ;
    Je sais que fragile est mon corps.

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