Le Sonnet – À Maître Claudius Popelin, émailleur et poète
Les quatrains du Sonnet sont de bons chevaliers
Crêtés de lambrequins, plastronnés d’armoiries,
Marchant à pas égaux le long des galeries
Ou veillant, lance au poing, droits contre les piliers.Mais une dame attend au bas des escaliers ;
Sous son capuchon brun, comme dans les féeries,
On voit confusément luire les pierreries ;
Ils la vont recevoir, graves et réguliers.Pages de satin blanc, à la housse bouffante,
Les tercets plus légers, la prennent à leur tour
Et jusqu’aux pieds du Roi conduisent cette infante.Là, relevant son voile, apparaît triomphante
La Belle, la Diva, digne qu’avec amour
Claudius, sur l’émail, en trace le contour.
1870
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
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Équipement du chevalier inexistant
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Qui forgera pour moi l’armure d’argent lisse ?
Qui le solide écu, mur contre le danger,
Chargé pour le combat de meubles inchangés ?
Qui le sabre tranchant, pour combattre le vice?
Qui de gueules fera mon écharpe, complice
De maint long tour de garde où l’on ne peut bouger ?
Qui mes chaussons d’azur, où je pourrai loger
Ces pieds qui tant de fois me rendirent service ?
Mais je n’existe pas ; nul n’écoute ma voix,
Je poursuis mon chemin, héros sans toit ni loi,
À pareille évidence il faut que je me rende.
La plaine de sinople et de sable les cieux,
D’or les astres errants qui ravissent mes yeux :
Je suis inexistant, je suis une légende.
Une fleur pour l’infante
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Je proviens du jardin d’un humble chevalier,
Sachez que mon image est sur ses armoiries ;
Lui, qui voudrait m’offrir à l’infante Marie,
Rêve de devenir un de ses familiers.
Il guette cette dame au bas des escaliers,
Porté par son amour qui jamais ne varie;
Il n’a pas les moyens d’offrir des pierreries,
Ses petits revenus ne sont pas réguliers.
D’autres jours, chevauchant sa monture piaffante,
Du royal édifice il fait sept fois le tour,
Même dans la saison des chaleurs étouffantes.
Sa flamme, cependant, n’est jamais triomphante,
Telle fut envers lui l’ironie de l’amour ;
Mieux que moi l’ont chanté jadis les troubadours.